Le pro bono fait son show : le pro bono au centre de l’intrigue des séries judiciaires


le 26 décembre 2011 dans C'est quoi, Pro Bono, Volontaires - No comments

Le pro bono est un concept né dans les années 1970 aux Etats Unis, à l’initiative des avocats pour défendre un idéal de droit à la justice pour tous. Le cabinet prend en charge les dépenses liées à la défense et l’avocat chargé de l’affaire le fait à titre gratuit. Aux Etats Unis, le pro bono est depuis devenu une « obligation déontologique » (Michel Bénichou) dans les cabinets américains ; il se développe à l’échelle mondiale. En parallèle, les séries policières, judiciaires, et pénitentiaires se multiplient et suscitent l’engouement des spectateurs. Il était donc naturel que le pro bono fasse son entrée en scène.

Des avocats au service d’une cause

Il existe de nombreuses séries mettant en scène des cabinets d’avocats : d’Ally McBeal à Boston Justice, en passant par Outlaw ou the Practice, ces séries brossent le portrait de personnalités atypiques qui se dédient à défendre les droits de leurs clients. Les affaires qui leur sont présentées servent souvent de trame à un épisode. Outre les dossiers classiques, des dossiers pro bono sont largement défendus. 

Ainsi, dans la série Suits, la première affaire que doit traiter Mike Ross, le brillant héros fraîchement diplômé, est pro bono. Harvey, son nouvel employeur, estime qu’il n’a pas à perdre de temps sur ce type de dossiers jusqu’à ce qu’il se transforme  en défenseur d’une femme injustement licenciée. Le pro bono est ici montré comme un rite initiatique, et, s’il est d’abord dévalué, c’est en lui que recèle bien souvent l’intensité dramatique de ces séries. Il reflète les intérêts personnels des personnages et leur profondeur.

Dans la série Oz, qui dépeint l’univers impitoyable de la vie carcérale dans la prison de haute sécurité d’Oswald, des avocats dépêchés par des associations de défense des droits des prisonniers prennent en main des dossiers pour un appel ou une liberté conditionnelle. Le détenu Tobias Beecher, un ancien avocat incarcéré pour avoir tué une petite fille au volant de sa voiture et qui vit de plein fouet la cruauté carcérale, en bénéficie avant de prendre lui-même la défense d’ex-codétenus une fois sorti de prison. Ici, le pro bono représente l’espoir de justice pour ces détenus et l’infiltration entre les murs de la prison de valeurs qui n’ont plus cours dans leur vie de prisonnier. Il est montré comme un parcours difficile ainsi qu’une immense responsabilité pour les avocats qui créent l’espoir chez leurs clients. Paradoxalement, il révèle la part d’humanité des pires détenus, en proclamant que tout le monde a droit à la justice.

Un reflet de la société

Le pro bono dans les séries télévisées est donc une aide à l’intrigue qui permet d’introduire de nouveaux personnages. Mais il reflète également les pratiques courantes aux Etats Unis, où les séries s’inspirent parfois de manière surprenante de la réalité. L’introduction du pro bono dans le scénario aide donc à peindre la société, par les thématiques qu’il aborde. Dans la série Boston Justice (Boston Legal en anglais), l’avocat Alan Shore part souvent en croisade idéologique en acceptant de défendre des cas a priori  indéfendables ou qui ne rapportent rien, mais qui ont le mérite d’interroger directement la société américaine : avortement, guerre en Irak, écologie, expulsions, surendettement…

Le pro bono se fait le porte voix des oubliés, il est utilisé comme un espace de débat où l’on peut librement critiquer un système, une injustice. Il rappelle l’éthique du métier d’avocat et ses croyances les plus profondes : chacun, peu importe ses crimes, a droit à être défendu. Il rappelle donc l’Esprit de la Loi, qui est de permettre l’égalité de tous.

Les séries télévisées sont à la fois un possible reflet de la société et un moyen de diffusion d’idées à l’échelle mondiale. La mise en scène du pro bono est donc à ce titre une excellente nouvelle.

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