France générosités, en partenariat avec Mediaprism, a étudié la vision du mécénat d’entreprise auprès du grand public et des collaborateurs des entreprises privées. Cette étude, sortie en décembre 2011, vient principalement confirmer les résultats d’études antérieures sur les bénéfices pour les entreprises à se lancer dans de telles démarches (voir l’étude de l’ADMICAL[1], de Volonteer[2]et l’étude de Pro Bono Lab[3]). Malgré ces études, les entreprises restent discrètes sur leurs actions par crainte des réactions internes et externes, mais qu’en est-il réellement ?
Les réactions face au mécénat d’entreprise
50% des Français ne savent pas ce qu’est le mécénat d’entreprise, et cela touche également les collaborateurs d’entreprises mécènes (1/3 des collaborateurs). La méconnaissance du sujet laisse perdurer des lieux communs, notamment l’existence d’un lien de cause à effet entre le mécénat et le désengagement de l’Etat (voir encadré).
A l’inverse, les 50% restants ont une bonne connaissance des enjeux de ce type d’action : aider une association ou une fondation, communiquer de manière originale et fédératrice, et bénéficier d’avantages fiscaux. Il en ressort une vision très favorable sur le mécénat (91% d’avis favorables voire très favorables), qui se traduit par la fierté de l’engagement de son entreprise, ou le souhait que son entreprise mette en place ce type de démarche.
Bien que le mécénat soit plébiscité par les répondants, ces derniers restent lucides sur les motivations des entreprises. En effet, ces actions sont associées « aux valeurs de l’entreprise » mais également à la volonté de « donner une bonne image à leur clients ». L’étude pose la question de la légitimité d’une contrepartie pour l’entreprise mécène : les répondants estiment à 82% que l’entreprise devrait bénéficier d’une contrepartie concrète.
Pour finir, en ciblant plus particulièrement les attentes des collaborateurs, l’étude met en avant le sentiment que ces derniers ne sont pas suffisamment impliqués dans les actions de mécénat. Bien que cela puisse être une source de fierté, la politique de mécénat de leur entreprise est perçue comme étant déconnectée des collaborateurs. Alors qu’il existe une volonté de s’impliquer (2/3 des répondants d’entreprises mécènes), les collaborateurs manquent d’information ou de sollicitation de la part de leur entreprise sur ces sujets.
Que faire des résultats de cette étude ?
Tout d’abord, il faut garder à l’esprit que ces résultats contiennent un biais : l’étude s’appuie sur du déclaratif. Il suffit de regarder les sondages d’opinions durant les périodes électorales pour prendre du recul sur certains points, notamment l’engouement des collaborateurs pour s’impliquer dans des projets ou dans le choix des orientations de la politique de mécénat de leur entreprise.
Néanmoins, il ressort de cette étude quelques éléments significatifs :
- La légitimité d’une contrepartie directe pour les entreprises à leur engagement de mécènes ;
- Le manque de communication des entreprises sur leurs actions de mécénat ;
- Le besoin d’accompagnement des entreprises pour développer leur politique de mécénat.
A propos du premier point, la maturité du public est un signe fort envoyé aux entreprises : la communication sur le mécénat est légitime si elle est utilisée comme un outil et non comme une fin. Ce fort pourcentage (82% favorables à la contrepartie), mis en perspective avec la lucidité des personnes sensibilisées au mécénat d’entreprise, met en exergue la possibilité pour les entreprises de communiquer sans être accusées d’instrumentaliser leurs bénéficiaires.
Le manque de communication est commun aux différentes études précitées et revient à nouveau dans celle-ci : il est nécessaire de communiquer davantage sur le sujet. Le mécénat des entreprises est trop peu connu alors qu’une communication adaptée pourrait valoriser les actions existantes et développer des dynamiques entre les entreprises mécènes et leurs collaborateurs. Bien que les entreprises soient encore frileuses à le faire, il y a quelques améliorations visibles de ce coté comme le montre l’étude sur les cabinets d’avocats français.
Le dernier point abordé concerne l’apprentissage nécessaire pour devenir une entreprise mécène. Le mécénat ne constituant pas le cœur de l’activité d’une entreprise, devenir mécène n’est pas ce qu’il y a de plus intuitif pour cette dernière. Comment dès lors y parvenir ?
L’étude s’arrête ici, et n’apporte pas de préconisations sur ce point. Mais il est vrai que cette démarche reste propre à chaque entreprise en fonction de sa culture et des moyens mis à disposition (aussi bien humains que financiers) pour le faire. Internaliser ou se faire accompagner… à quand une étude sur le sujet ?
[1] « Le Mécénat d’entreprise en France », étude ADMICAL – CSA de 2010
[2] « La générosité de l’entreprise au coeur de la performance RH », étude Volonteer – Université Toulouse 2011
[3] « Demonstrating the business value of pro bono service », étude Pro Bono Lab – Taproot de 2011