Mesurer l’impact social : des approches plurielles

La mesure de l’impact social est un enjeu clef pour nombre d’organisations à finalité sociale ou solidaire et pourtant, il est parfois difficile d’y voir clair sur la méthode d’évaluation à privilégier : lorsqu’une structure aide, notamment à travers des projets pro bono, plusieurs associations qui ont toutes des systèmes d’évaluations différents, la question de la mesure de l’impact social se pose sous le prisme de l’uniformisation. Comment mesurer la valeur sociale créée par l’organisation ? Le point sur les différentes approches existantes.

Afin de valoriser les changements générés par son activité, il convient de déterminer les indicateurs et les outils d’observation puis d’analyser et de juger les données collectées. Il existe un certain nombre de méthodes pour mener à bien cette valorisation sans qu’aucune ne fasse néanmoins consensus. 

Parmi les différentes méthodes, on distingue :

 

Les approches monétisantes type SROI (Social Return On Investment)

Apparue aux Etats-Unis en 2002, la méthode SROI consiste à monétiser les impacts sociaux générés afin d’évaluer sous forme de ratio le rendement social de l’investissement. Ainsi, si le SROI est égal à 2 cela signifie qu’1 euro investi a permis de générer 2 euros en valeur sociale.

Si elle a le mérite d’aider à la prise de décisions d’investissements à travers un langage chiffré commun et comparable,  cette méthode se confronte au problème du « tout monétisable » (comment chiffrer la hausse de la confiance en soi des bénéficiaires d’un projet ?). Elle ne donne par ailleurs qu’un ratio global dont il est difficile de déduire des recommandations d’amélioration.

Les approches par indicateurs

Les indicateurs d’impact sont des signes mesurables qui, par comparaison à une référence, permettent de porter une appréciation. Ils découlent des changements générés par l’activité. Par exemple, un projet humanitaire qui consiste à former des personnes du corps enseignant a pour effets une diminution de l’absentéisme, une amélioration de la situation économique et une amélioration du statut social des enseignants. Ces trois effets ont pour indicateur respectif le nombre de jour travaillés, l’augmentation de salaire et le nombre d’invitations à des évènements traditionnels.

Pour pouvoir interpréter les résultats obtenus et d’être en mesure d’identifier ceux à améliorer, il est néanmoins nécessaire de donner une valeur aux différents indicateurs et donc de poser des hypothèses. Ainsi, l’augmentation des salaires ne peut être considérée comme significative que si elle est supérieure au taux d’inflation, donc si elle est égale à 20% et que le taux d’inflation est de 5%, l’indicateur sera égal à 15%. Cette approche présente l’avantage de quantifier les changements sans avoir à monétiser nécessairement.

Les approches aléatoires

A l’échelle macro-économique, une méthode élaborée par Esther Duflo et le Jameel Poverty Action Lab consiste à mesurer l’impact social d’une politique publique de lutte contre la pauvreté sur deux groupes de populations aux caractéristiques similaires mais dont l’un a été bénéficiaire du produit ou service et l’autre qui ne l’a pas été. D’une rigueur scientifique, cette méthode est cependant complexe à mettre en place et ses résultats ne sont pas facilement généralisables.

Les approches multi-critères

Une approche alternative consiste à utiliser un mix de critères quantitatifs et qualitatifs. D’après une récente étude d’impact social d’entrepreneurs sociaux soutenus par Ashoka menée par le cabinet Mc Kinsey Company, l’impact social des Jardins de Cocagne, jardins biologiques collectifs à vocation d’insertion sociale, peut ainsi s’analyser en deux temps : les bénéfices économiques des contrats de réinsertion d’un côté et les bénéfices non quantifiés en termes de réduction de la pollution, d’amélioration de la santé des consommateurs et de réduction des coûts sociaux liés à l’exclusion (problèmes familiaux, éducation, criminalité etc.) La synthèse de cette étude est disponible ici.

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