L’essor des fondations d’entreprise en France


le 30 mai 2012 dans Entreprises, L'observatoire, Mécénat de compétences - No comments

De Monoprix à la RATP en passant par Carrefour, Deloitte ou encore Schneider Electric, les fondations d’entreprises sont aujourd’hui partie intégrante de nombreux groupes français. Et pour cause : en dix ans, leur nombre a plus que quadruplé, passant de 100 en 2001 à 450 en 2011, selon une étude d’IMS-Entreprendre pour la cité publiée en avril dernier. 

Réalisé à partir des réponses de 68 fonds de dotation et fondations créés par des entreprises, ce premier Baromètre des fondations d’entreprise met l’accent sur le fort développement de ces structures qui permettent aux entreprises de valoriser leur action de mécénat en réalisant une œuvre d’intérêt général.Quel portrait peut-on dresser des fondations d’entreprise en France ? Quelles sont les causes et les conséquences de leur essor ?

Profil des fondations d’entreprise : 4 caractéristiques clés

L’étude met en avant un certain nombre de traits communs aux fondations d’entreprise en France :

1- La majorité des fondations d’entreprise (53%) sert l’intérêt général tout en agissant dans des domaines liés au métier de leur entreprise.  En tant que commerçant de proximité, « la notion de service à la personne est pour Monoprix une notion fondamentale. Nous souhaitions aussi l’étendre à tous ceux pour qui la ville est plus difficile à vivre, donc au-delà de nos magasins, » souligne Catherine Ranieri, Déléguée Générale de la Fondation Monoprix.

2- Les jeunes sont les plus grands bénéficiaires des fondations d’entreprise au détriment des seniors et des populations rurales, bien que certaines fondations fassent le choix inverse comme la fondation SFR : « Nous avons choisi de tourner nos actions vers les personnes âgées car nos collaborateurs se sentent concernés par leurs aînés. » rapporte Emmanuelle Potin, Responsable de la Fondation SFR.

3- Les causes soutenues en priorité sont l’éducation (59%), l’action sociale (58%) et l’insertion professionnelle (52%).  L’environnement connait une notoriété croissante, passant de 23% en 2009 à 36% aujourd’hui. Ces secteurs correspondent aux deux thématiques chères aux collaborateurs d’entreprise : l’environnement et la solidarité (étude France Générosités / Mediaprism Group de décembre 2011).

4- Huit fondations sur 10 impliquent les collaborateurs de leur entreprise : «Nous soutenons uniquement des projets susceptibles d’impliquer les salariés», explique Séverine Coutet, secrétaire générale de la Fondation HSBC. «Cette implication renforce le sentiment d’appartenance à l’entreprise», poursuit-elle.  30% des collaborateurs sont ainsi impliqués ! Notons que le mécénat de compétences est en baisse au profit du bénévolat des salariés du fait de la complexité que représente l’accord entre le département des Ressources Humaines et les managers pour dégager du temps de travail pour des actions solidaires.  40% des fondations proposent désormais un système mixte « don de temps personnel + don de temps de travail ».

Fondations d’entreprises : les causes de la croissance

La croissance des fondations d’entreprise constatée ces dix dernières années s’explique d’abord par un phénomène plus global : l’intégration par l’entreprise des enjeux du développement durable et de la RSE (responsabilité sociale des entreprises). Leur création a été de surcroît stimulée par des mécanismes d’incitation fiscale avec la promulgation de la loi de 2003, dite loi Aillagon,  qui a renforcé l’attractivité des fondations pour les entreprises en leur permettant de défiscaliser 60% de leurs dons.

Enfin, la création des fonds de dotation en 2009 a élargi le champ d’application des fondations d’entreprise, contribuant ainsi à faire doubler le nombre de structures en dix ans. Inspirés du concept américain des “endowment funds”, le statut de fonds de dotation est plus souple que celui des fondations et permettent de recueillir des dons du grand public, ce qui explique que certaines entreprises créent des fonds de dotation en complément de leur fondation.

Une opportunité stratégique pour le secteur associatif

Face à la raréfaction des subventions publiques, le boom des fondations d’entreprise représente un complément de financement pour les associations soutenues dans le cadre des actions de mécénat, comme l’illustre le cas de l’association Unis-Cité soutenue par 18 fondations d’entreprises partenaires. Au-delà du mécénat financier, nombre de fondations d’entreprise encouragent par ailleurs leurs collaborateurs à s’impliquer concrètement dans les programmes de la fondation à travers le parrainage d’une association partenaire,  la participation à des programmes de tutorat ou le départ en congés solidaires. Cette démarche de mécénat/bénévolat de compétences est renforcée par l’intérêt croissant que portent les fondations d’entreprise  à l’aspect qualitatif de leurs actions : 2/3 d’entre elles s’interrogent sur l’impact de leurs initiatives et mettent en place des démarches d’évaluation.

Les fondations représentent enfin une porte d’entrée stratégique pour les associations dans l’entreprise. En effet, plus de la moitié des fondations créent des liens entre les associations qu’elles soutiennent et d’autres départements de l’entreprise comme le Département des Achats. Une entreprise peut par exemple passer commande auprès de structures d’insertion partenaires de la fondation.

Se positionnant comme des partenaires, les fondations d’entreprise ont donc un impact positif sur les associations. Bien que les partenariats les plus visibles soient ceux qui sont noués avec les grandes associations, les petites associations peuvent elles aussi tenter leur chance en ciblant au préalable les fondations à l’aide, par exemple, du répertoire du mécénat d’entreprise de l’Admical.

Pour aller plus loin :
Les mutations du mécénat d’entreprise en France
La bonne santé du mécénat d’entreprise en 2011
Mécénat d’entreprise : perception et impact sur le grand public et les collaborateurs

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