Le modèle économique associatif en pleine mutation

Le modèle économique des associations doit faire face à des nouvelles contraintes qui imposent aux acteurs du secteur de repenser leurs structures financière et économique. On ne le dira jamais assez, mais la crise a eu et a encore des conséquences, directes ou indirectes, sur ce modèle. Il est important d’apporter des pistes d’ouverture permettant aux associations de répondre au mieux à ces difficultés.

D’après une étude[1] publiée en janvier 2012 par France Active et la Conférence permanente des coordinations associatives (CPCA), 69% des associations interrogées ont vu leurs financements publics baisser entre 2009 et 2010. Qu’ils s’agissent de la crise, du désengagement de l’Etat, du déficit public ou encore du recentrage des missions de l’Etat, les raisons pouvant expliquer la fermeture « des robinets » de financement du secteur associatif sont nombreuses. Au delà des ces constats, certes alarmants, il devient urgent pour les associations de mettre en place des solutions pouvant pallier ces carences. Les pistes d’ordre financier seront les premières privilégiées, mais les opportunités hors financement peuvent être de vrais canaux que les acteurs du monde associatif peuvent exploiter.

Des ressources nouvelles et diversifiées

Alors qu’aujourd’hui le mécénat et les dons représentent 5% du financement du secteur associatif, il existe de réelles opportunités dans ce domaine. Diversifier ses sources de mécénat pour ne pas être dépendant d’un seul donateur, qui en cas de retrait mettrait l’association dans une situation difficile, est une condition primordiale à un financement pérenne. Les PME qui se portent bien peuvent être sensibles aux engagements de certaines associations de proximité et octroyer des fonds pour leur développement. Nous reviendrons plus tard sur les avantages de ce système.

Au delà de la question d’augmenter les dons, construire un modèle économique pérenne exige avant tout de diversifier l’ensemble des produits de l’association. Bien qu’il puisse paraitre surprenant pour certains d’envisager que les associations génèrent des revenus, cela n’est pas en contradiction avec les objectifs de ces dernières. En effet les associations peuvent monétiser certains biens et services, qui étaient jusqu’alors gratuits pour leurs bénéficiaires, afin de créer du revenu. Pour conserver leur mission sociale, les associations peuvent proposer leurs biens et services à des prix inférieurs à ceux du marché afin qu’ils restent accessibles à leurs bénéficiaires. La crainte d’une telle démarche peut résider dans les dérives que cela comporte. Yannick Blanc, président de la Fonda, craint que certains domaines du secteur associatif tels que la formation ne souffrent de cette marchandisation et que cette dernière éloigne les acteurs du secteur associatif de leurs objectifs de solidarité initiaux.

L’épargne et le micro-don des particuliers

De nouvelles formes d’épargne sont apparues récemment, et permettent aux particuliers de flécher leurs économies vers le financement des associations et entreprises sociales. Pour les découvrir, lire l’article Les nouvelles frontières du financement de l’innovation sociale. Par ailleurs, sur certains produits d’épargne, les détenteurs peuvent décider de reverser une partie de leurs intérêts perçus à des associations, on parle alors de produits d’épargne solidaire. Par exemple, un donateur possédant un livret d’épargne générant 2% d’intérêt, peut décider de verser 1% des intérêts à une association de son choix. L’épargne est conservée par le donateur, mais une partie des intérêts sera versée à l’association.

Le micro-don peut être aussi une alternative pertinente. En effet le don de quelques centimes à quelques euros peut être une opportunité à ne pas négliger. Sur le site Mailforgood, un internaute peut générer un don de 5 cents à l’association de son choix s’il visionne une publicité d’une minute, et donner en ligne par paiement sécurisé le montant de son choix. Le don sur salaire, lancé en France par microDON, permet aux salariés de reverser des micros-dons sur leur bulletin de paie en faveur d’associations.

Développement de partenariats ciblés et équilibrés avec les entreprises

L’essor des fondations d’entreprises est une réelle opportunité pour les associations. Selon le Baromètre des fondations d’entreprise publié par IMS-Entreprendre pour la cité en avril dernier, leur nombre a presque quadruplé. Dans le cadre des politiques de RSE, le développement de partenariats entre les deux mondes est une richesse au sens propre comme au sens figuré pour les associations : au delà d’un apport financier, il permet d’aboutir à un réel système de gagnant-gagnant. En effet le transfert de compétences, de savoir-faire,  et l’innovation  sont autant d’atouts que peuvent mutuellement s’apporter les entreprises et les associations.

Mutualisation des moyens

Il existe des secteurs comme l’aide à domicile ou la mutualisation des moyens permettrait des économies d’échelles, comme le souligne Hugues Sibille, ancien délégué interministériel à l’économie social, Président de l’Avise et Vice-Président du Crédit coopératif. Ainsi il existe au sein d’un même département différentes associations qui peuvent échanger leurs pratiques, combler leurs lacunes et créer un environnement propice aux échanges mutuels, permettant de réduire les charges.

Il est évident aujourd’hui que les associations se doivent d’intégrer tous ces nouvelles dimensions, d’ordre financier ou non, tout en proposant des services accessibles aux personnes qu’elles souhaitent aider. Rappelons le, le modèle économique reste bien un moyen d’atteindre un objectif social et solidaire qui est le cœur même de l’activité des associations. Nous pouvons compter sur ces dernières pour poursuivre leur mission sociale, à l’unisson avec les 68% des Français qui leur font confiance pour affronter la crise.

Pour aller plus loin, lire l’article Associations : des solutions face aux contraintes budgétaires.

Crédits photo : dessert, par Chris Lyn, sous licence Creative Commons.


[1] Associations, comment faites-vous face à la crise ? Enquête réalisée par France Active et la CPCA, avec l’appui technique de Viviane Tchernonog (CNRS, Centre Matisse),  Janvier 2012. Voir l’article de la CPCA consacré à cette enquête.

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