La Responsabilité Sociale de l’Entreprise introduit une reconsidération du modèle économique capitaliste de l’entreprise. Cette « mesure » redéfinit la place de l’entreprise dans la société et met en avant les impacts sociaux et environnementaux de ses activités. Pour le moment, il n’existe aucun texte de loi RSE contraignant l’entreprise. Ce qui, toutefois, n’empêche pas l’entreprise et ses parties prenantes d’engager des démarches normalisatrices et des actions concrètes impactant la société.
(Cet article est une introduction à d’autres articles qui traiteront des origines religieuses de la RSE, à suivre…)
Une redéfinition de la place de l’entreprise dans la société
L’Union européenne définit la RSE comme «l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes».
La RSE incite l’entreprise à ne pas se limiter au dialogue avec ses actionnaires (shareholders) et à nouer des relations suivies avec l’ensemble de ses parties prenantes (stakeholders) : salariés, consommateurs, riverains d’une usine, ONG, sous-traitants, puissance publique… Il s’agit de définir la manière dont elle peut et doit intégrer des préoccupations sociales et/ou environnementales.
Vers une normalisation de la RSE
Les entreprises tentent, avec la collaboration d’autres organismes, de formaliser et d’unifier des principes et méthodes selon lesquels exercer cette responsabilité. Les entreprises signent des chartes édictées par des institutions internationales. Il s’agit de textes non contraignant mentionnant les valeurs fondamentales qui doivent guider, en tout temps et tout lieu, l’action des entreprises. Par exemple, la charte « Global Compact », édictée par l’ONU en 2000, engage ses signataires sur dix grands principes liés aux droits de l’homme, au droit du travail (liberté d’association, élimination du travail forcé et du travail des enfants…), à l’environnement et à la lutte contre la corruption.
De même, une série de normes a été élaborée par des organismes internationaux tels que l’International Standardization Organisation (ISO) pour guider, définir et certifier la manière dont les entreprises doivent mettre en place un « management responsable ». Ainsi, la norme ISO 14001 décrit-elle les différentes étapes de mise en place d’un « management environnemental » (état des lieux, établissement des actions prioritaires, planification et mise en œuvre, contrôle, communication…) permettant ensuite des audits qui peuvent aboutir à une certification (« conforme à la norme ISO 14001 »).
A ce propos, toute une industrie de l’audit et de la notation s’est développée autour de la RSE permettant aux parties prenantes et aux entreprises d’évaluer les pratiques en la matière. Mais la multiplicité des standards et référentiels utilisés rend l’information encore peu lisible.
La France s’est distinguée cependant en inscrivant dès 2001 l’obligation pour les entreprises cotées en Bourse de « transmettre des informations sur la manière dont elle prend en compte les conséquences sociales et environnementales de son activité ainsi que sur ses engagements sociétaux en faveur du développement durable ».
L’impact sociétal de la RSE
La RSE sert tout à la fois des intérêts sociaux, environnementaux et financiers. Elle assume :
• Une fonction sociale : au sein même des firmes, il est question notamment de « promouvoir la diversité » en luttant contre toutes les formes de discrimination (origines, genre, âge…)
• Une fonction environnementale : les entreprises peuvent généralement rendre moins polluants les processus de production. Par exemple, le groupe Lafarge s’engage à réduire les émissions de CO2 et de poussières liées à son activité de production de ciment. Parfois, il s’agit de rendre les produits plus écologiques : logements « durables », développement de véhicules moins polluants, recherche d’énergies renouvelables…
• Une fonction financière : l’investissement socialement responsable (ISR) se développe depuis quelques années, intégrant dans les activités de financement et de placement des critères extra-financiers (sans sacrifier ces derniers). Il peut revêtir plusieurs formes : les « fonds socialement responsables » qui reposent sur des critères sociaux et environnementaux et qui investissent uniquement dans les entreprises les plus engagées dans le développement durable ; des fonds d’impact investing ; d’autres fonds dits « de partage » dont une partie des bénéfices est reversée à des ONG ; dans le monde anglo-saxon en particulier, les « fonds d’exclusion » qui refusent tout investissement dans des activités jugées immorales (tabac, alcool, jeu, entreprises pratiquant des tests sur les animaux…) ou polluantes voire dangereuses (nucléaire, pétrole…). A lire sur ce sujet : Les nouvelles frontières du financement de l’innovation sociale.
Des objectifs de transparence et de contrôle
La RSE suppose par ailleurs une intense activité de reporting : il faut rendre compte, de manière transparente, de ce qui a été entrepris. La forme la plus classique de reporting représente le rapport annuel (souvent appelé « rapport développement durable »), présentant les actions menées et les objectifs visés. D’où le développement, autour de la RSE, d’une intense activité d’audit, des pratiques des entreprises : quelles actions ont été menées ? Les objectifs ont-ils été atteints ?
L’audit du reporting lui-même devient lui aussi un centre d’attention : la collecte des informations présentée dans le rapport est-elle correctement organisée ? Les données sont-elles fiables ? Le rapport est-il sincère ? Ces deux types d’audit sont des moyens pour l’entreprise et ses parties prenantes, dans un contexte de défiance marquée, de mettre en exergue la crédibilité de la démarche engagée.
Finalement, la RSE autorise et initie une nouvelle conception de l’entreprise. Laquelle se voit conférer une plus grande place dans la société civile et un rôle qui déborde le seul cadre économique et financier.
Pour aller plus loin : RSE : au delà de la communication, un enjeu stratégique ?