Quelle est l’origine du rapprochement entre BlueQUEST[1], un réseau d’experts RSE, et l’Agence du Don en Nature (ADN) ? Plus intéressant encore, quels peuvent être les apports d’une approche développement durable pour un acteur de l’économie sociale et solidaire ?
Interview de Fanny Garcia, fondatrice de BlueQUEST.
L’Agence du Don en Nature collecte des produits neufs non alimentaires invendus auprès d’industriels et les redistribue aux associations caritatives. En pleine période charnière pour son développement, ADN souhaitait mener une réflexion sur sa prise en compte du développement durable dans son fonctionnement.
Fanny Garcia capitalise plus de 10 ans d’expérience en RSE et développement durable. Elle a découvert l’Agence du Don en Nature lorsqu’elle était à la tête de la démarche de Responsabilité Sociale et Environnementale du groupe ETAM ; elle avait alors initié dès 2009 le partenariat du groupe français d’habillement avec l’association. Depuis elle a quitté son poste en 2012 pour fonder BlueQUEST et accompagner les organisations désireuses de dynamiser leur approche RSE.
Comment a commencé le projet pro bono ?
Appuyée par la déléguée générale de l’association, j’ai réalisé une présentation précise de la démarche et des objectifs à atteindre. Une fois ce cahier des charges validé, le projet pouvait commencer !
Qu’avez-vous apporté à l’association ?
Intermédiaire privilégié entre grandes entreprises et associations caritatives, ADN a connu une très forte croissance au cours des 3 dernières années et affiche des objectifs de développement extrêmement ambitieux. J’ai donc proposé à ADN de les aider à définir une approche de responsabilité sociale et environnementale pragmatique, et résolument en ligne avec les enjeux de croissance auxquels l’association devait faire face. La mission s’est déroulée en 3 temps :
- Une étude sur les enjeux de développement durable pour le secteur associatif, comprenant notamment l’identification des impacts des nouvelles politiques d’engagement sociétal lancées par les grandes entreprises
- Un audit interne des pratiques d’ADN et une cartographie des risques et opportunités pour l’association, basée sur des interviews menées auprès des parties prenantes internes et externes clés
- L’élaboration d’un plan d’action à 3 ans sur la base de pistes d’action élaborées en brainstorming avec le bureau et les équipes d’ADN.
ADN avait déjà conscience des mutations que connaît actuellement le secteur associatif sous l’impulsion du développement de la RSE. J’ai pu aider l’association à mesurer plus finement cet impact et à valider l’intérêt d’une démarche de Responsabilité Sociale et Environnementale pour asseoir son développement.
Quels ont été les facteurs clefs de succès de ce projet ?
Elément primordial selon moi, ADN s’est fortement investi dans le projet afin d’en maximiser les bénéfices pour l’association. Bien qu’il s’agisse d’un projet en pro bono, nous avons fixé un niveau d’exigence similaire à celui attendu dans le cadre d’une mission classique.
Ma connaissance de l’association et de son fonctionnement a également été un facteur important de réussite. Lorsque je m’occupais du partenariat avec ETAM, j’avais été très impressionnée par le professionnalisme d’ADN ce qui m’a vraiment donné envie de poursuivre notre collaboration au sein de BlueQUEST. D’autre part, j’avais une bonne vision de leur besoin, ce qui m’a permis de faire une proposition d’accompagnement au plus prés de leurs attentes.
Enfin, j’ai pu m’appuyer sur les bonnes personnes au sein d’ADN pour mener ce projet. Stéphanie Goujon et Jacques-Etienne de T’Serclaes, Président Fondateur de l’association, ont montré un vif engouement pour le projet. Ils ont su mobiliser les équipes et le bureau ainsi que les donateurs et partenaires associatifs intégrés à la démarche ce qui permis d’inscrire cette mission dans une dynamique très positive !
Et maintenant, quels ont été les obstacles rencontrés ?
Bien que je n’aie pas rencontré de problèmes, certains points auraient pu être bloquants dans d’autres circonstances :
- La conviction du bureau : sans leur soutien et leur conviction, le projet ne serait pas allé aussi loin. Le développement d’une démarche RSE nécessite souvent une remise en cause des modèles établis et demande donc une certaine dose de courage de la part des équipes dirigeantes. S’il y a eu parfois des divergences d’opinion dans le cadre de notre collaboration, les équipes d’ADN ont fait preuve d’une très grande ouverture d’esprit, ce qui nous a permis d’aborder les sujets les plus complexes.
- La transparence des acteurs impliqués au sein du projet – aussi bien internes qu’externes – est un élément très important pour construire une vision à 360°. Sans la confiance que m’ont accordée le bureau et les équipes, il aurait été très difficile d’identifier les enjeux clés d’ADN et de faire de cette mission un succès.
Comment qualifieriez-vous votre position dans ce projet ?
Je ne suis pas bénévole mais j’ai vraiment apprécié cette collaboration pro-bono. De mon coté, j’ai souhaité la mener sur les mêmes bases que celles que je propose à mes clients. . J’ai eu la sensation d’avoir fait partie de l’équipe pendant quelques semaines, et d’endosser le rôle du « partenaire – aiguillon » qui challenge l’organisation (de manière constructive, certes !) tout en ayant la capacité de m’assoir autour de la table pour co-construire les pistes de solution.
Et s’il y avait quelque chose à refaire, qu’est ce que ce serait ?
Je suis vraiment contente des résultats auxquels nous sommes arrivés après 3 mois (pour une charge de travail équivalente à 7 jours de mon coté et 5 jours pour ADN)! Si je devais changer quelque chose, ce serait d’avoir commencé plus tôt.
Pourquoi ? Tout simplement parce que cette mission a été une vraie source d’épanouissement. Ce projet m’a également conforté dans l’idée de pousser ma vision de la RSE au sein de BlueQUEST : oui, la RSE est un véritable levier de performance ! Le risque pour moi dans cette implication auprès d’ADN était qu’en si peu de temps nous ne parvenions pas à collaborer comme je l’entends. Mais je considère que notre travail a été une vraie réussite ; nous avons également resserré nos liens. Je pense même me rendre disponible pour les aider ponctuellement ; le suivi est si important ! Alors pourquoi ne pas leur donner une demi-journée de temps en temps ?
… et du point de vue de l’Agence du Don en Nature ?
Nous avons particulièrement apprécié l’adaptabilité de Fanny Garcia à notre culture et notre taille ( 7 salariés).
Mais Oui fanny, c’est nous
Suoer travail!