Depuis une dizaine d’années, de plus en plus d’entreprises développent des dispositifs de mobilisation citoyenne de leurs collaborateurs (bénévolat et mécénat de compétences, tutorat,etc.) en phase avec leurs thématiques de prédilection (diversité, exclusion sociale, environnement,…). Cet engagement sur des enjeux durables s’avère être un formidable levier pour créer du lien et du sens au sein des équipes, mais également pour développer leurs compétences et enrichir leur parcours professionnel. Voici quelques retours sur les enseignements de l’étude initiée par Mankai Factory et réalisée par Makeba Chamry-Makhamat et Françoise Toulemonde, qui analyse les impacts de l’implication citoyenne des collaborateurs sur les ressources humaines et les pratiques managériales.
L’objectif de cette étude sortie en octobre 2014 était de décrypter ces dispositifs non seulement comme des leviers d’utilité sociale, mais également comme des leviers de mobilisation et d’engagement des salariés pouvant se révéler de formidables outils de ressources humaines.
- Partenaires de l’étude : Pro Bono Lab, Le Rameau, ANDRH, IMS Entreprendre pour la Cité
- 7 entreprises sondées : Accenture / Crédit Agricole SA / Orange / la Poste / Schneider Electric / SEB / Société Générale
- Regards croisés de 3 acteurs : responsables des dispositifs (DG Fondation, DRSE, DRH, Direction Communication) / collaborateurs impliqués / managers des collaborateurs impliqués.
Voici 4 pistes à prendre en considération qui amplifient fortement les bénéfices de ces programmes.
1. Essayer les dispositifs de mobilisation citoyenne c’est les adopter !
La bonne nouvelle est que les bénéfices exprimés par tous les acteurs dépassent largement les objectifs fixés. L’impact est positif à tous les niveaux du parcours RH du collaborateur : recrutement, développement des compétences, mobilités ou bien mieux-vivre ensemble. Alors que seuls les responsables des programmes parlent de développement de compétences comme d’un objectif possible, il est très intéressant de noter que a posteriori, les managers et les collaborateurs l’ont très clairement exprimé au regard de leurs retours d’expérience.
Les compétences développées le plus souvent citées sont : l’adaptabilité, l’ouverture au changement, les capacités de communication et de formation. Il est également apparu qu’en termes de pratiques managériales, ces dispositifs peuvent aider à expérimenter de nouveaux modes de travail, en permettant une meilleure connaissance du collaborateur. Ces programmes d’implication citoyenne peuvent également faire évoluer des comportements managériaux en permettant de monter en compétences sur des problématiques spécifiques comme le management de la diversité ou des pratiques collaboratives.
2. Impliquer les ressources humaines en amont de la mise en place des dispositifs
On peut noter une relative méconnaissance par les responsables des ressources humaines des programmes de mobilisation citoyenne des collaborateurs. Ils sont encore loin de s’être appropriés ces démarches dans leur stratégie et dans leur palette d’outils. Force est de constater que des efforts de pédagogie, de communication restent à faire et qu’il est important de les impliquer dans la construction de ces programmes, leurs objectifs, leur design, leur déploiement et leur évaluation. La co-construction est le mot clef et le moyen le plus efficace pour dépasser le scepticisme des différents acteurs de l’entreprise et les engager pleinement dans ces démarches de création de valeur partagée.
3. Expérimenter des projets pilotes répondant à des objectifs RH internes
Ces programmes de mobilisation citoyenne peuvent également receler de véritables trésors d’innovation pour expérimenter des programmes pilotes pour des populations spécifiques, notamment les jeunes générations et/ou les seniors, selon les objectifs stratégiques des entreprises. Pour les jeunes générations, cela peut être dans un objectif d’intégration de nouveaux entrants et d’appropriation des valeurs de l’entreprise. Pour les seniors, il s’agit plutôt de mettre en place une gestion positive des transitions professionnelles de dernière partie de carrière.
4. Promouvoir la reconnaissance des actions d’implication citoyenne dans le parcours des collaborateurs
Reconnaître et valoriser les actions de mobilisation citoyenne des collaborateurs peut se révéler un accélérateur d’engagement, tant sur le plan individuel dans le parcours du collaborateur en valorisant des compétences acquises, que sur le plan collectif, en organisant des rencontres créant du lien et renforçant le degré de cohésion interne au sein de l’entreprise. Ces dispositifs permettent également au manager de mieux connaître son collaborateur et de valoriser la personne au travers de son ou ses rôles et non plus uniquement de sa fonction.
Dans ce sens, ces actions citoyennes s’inscrivent dès aujourd’hui dans cette dynamique de transformation des organisations dans laquelle les mobilités vont jouer un grand rôle, et les compétences dites « soft » seront essentielles dans le monde de réseau du XXIème siècle.
C’est pourquoi notre conviction est que les dispositifs de mobilisation citoyenne sont une brique essentielle dans l’évolution culturelle nécessaire dans nos organisations et permettant un changement de posture, de leadership et d’ADN au service de l’entreprise et de la société de demain.
Makeba Chamry-Makhamat, fondatrice de Mankai Factory et de Talent Inside.
Pour aller plus loin :
Lire la synthèse de l’étude ou demander à recevoir l’intégralité de l’étude
Elaborer et mettre en place une politique d’implication au sein d’une entreprise : les étapes clefs par Marine Rosnel
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