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Le XXème siècle a institutionnalisé le temps libre. Le XXIème va-t-il nous permettre de comprendre comment l’utiliser pour le bien commun ? C’est indirectement la question que pose Clay Shirky dans son TED Talk sur le « Surplus Cognitif ». Le très influent penseur des nouveaux médias nous livre son analyse sur l’évolution du rapport au temps libre qui s’opère avec le web collaboratif. Ce temps libre devient une ressource pour changer la face du monde.
De l’oisiveté de masse à la création d’un mieux-vivre ensemble
Aujourd’hui, nous passons tous beaucoup de temps devant la télévision (2 à 4 heures par jour en fonction des classes d’âge selon une étude de l’INSEE). Tout ce temps libre constitue pour Clay Shirky une ressource qu’il appelle le « Surplus Cognitif ». Aujourd’hui improductive, il nous démontre dans la vidéo ci-dessous en quoi cette ressource, qui n’est autre que du « temps de cerveau disponible », peut être employée à créer un mieux-vivre ensemble ou à résoudre des problèmes en s’appuyant sur l’exemple d’Ushahidi.
Ainsi, le temps libre conjugué aux outils web social (ou web 2.0) offre aux internautes la possibilité de créer de la valeur et de la partager. Cette création de valeur multimédia peut s’inscrire dans une logique plus ou moins collective. Clay Shirky distingue dans son ouvrage Cognitive Surplus: Creativity and Generosity in a Connected Age quatre types de valeurs qui peuvent être créées par les internautes :
De ces quatre valeurs, la valeur civile est celle qui est la plus complexe à créer. D’une part, parce que le degré d’ouverture du projet est fort : il nécessite de regrouper divers représentants de la société civile, aux modes de vie et de pensée différents. D’autre part, parce que la portée du résultat recherché est moins personnelle : les motivations des participants sont plus difficiles à déchiffrer et à entretenir. Comment relever ces deux défis ?
Mettre le surplus cognitif au travail
Les explications de Clay Shirky seraient peu utiles s’il ne nous donnait pas des pistes pour agir. Outre les aspects culturels que nous n’aborderons pas ici, il met en valeur 3 déterminants de transformation d’un surplus cognitif en une valeur civile :
Ces trois éléments sont fondamentaux pour synthétiser le surplus cognitif. Et la promotion du pro bono correspond peu ou prou à la recherche de ces trois déterminants pour convaincre les citoyens de mobiliser leurs compétences pour la société civile.
Etant donné l’immensité de la tâche – Shirky parle de 1 000 milliards d’heures passées devant la télévision-, pourquoi ne pas s’appuyer sur les associations pour concrétiser des projets en mettant en œuvre cette ressource tant prisée qu’est le surplus cognitif ?
Canaliser le surplus cognitif, l’avenir du pro bono ?
Comment mobiliser les cerveaux disponibles pour créer de valeur civile ? Il s’agit avant tout de proposer des opportunités d’engagement de qualité, permettant un impact social maximal. Et c’est ici qu’entre en jeu selon nous le grand absent du raisonnement de Clay : le secteur associatif. Les associations, au cœur des préoccupations sociales, peuvent être un intermédiaire privilégié entre les besoins de notre société et la mobilisation des citoyens.
Si le bénévolat est la raison d’être du projet associatif, capter et fidéliser les volontaires du XXIe siècle n’est pas donné à toutes les associations. Faible disponibilité, engagement plus ponctuel, utilisation des nouvelles technologies, volonté de mobiliser ses compétences, voire de s’impliquer pendant son temps de travail… Autant de mutations du bénévolat qui demandent aux associations de s’adapter pour utiliser le « surplus cognitif ». Pour répondre à ce nouveau besoin d’intermédiation, des acteurs émergent dans le monde entier, proposant des plates-formes d’engagement, des outils de crowdsourcing et de collaboration.
En France, parmi les près de 4000 bénévoles qui ont souhaité réalisé une mission de bénévolat de compétences pour une association de solidarité grâce à Passerelles et Compétences, moins de 1500 ont pu s’engager, faute de projets. Le surplus cognitif est donc bien palpable. Et la capacité des associations à recevoir ce type de projet demeure aujourd’hui le goulet d’étranglement de l’engagement des bonnes volontés pour la société civile. Lire la série d’articles Comment préparer un projet pro bono.
En savoir plus
Vidéo How cognitive surplus will change the world, TED Talk de Clay Shirky, juin 2010 [VOSTF].
Livre de Clay Shirky, Cognitive Surplus: Creativity and Generosity in a Connected Age
Lien Wikipedia [EN]
Lien Amazon
Etude INSEE Première, Depuis 11 ans, moins de tâches ménagères, plus d’Internet, Novembre 2011.
Surplus cognitif et collaboration, à l’heure de la RSE 2.0. Art. M.Gioani, F.Mauléon. Congrès du RIODD 2011.