Le pro bono est l’engagement de ses compétences pour le bien public. Cette notion recouvre en France les pratiques de bénévolat de compétences, de bénévolat d’entreprise et de mécénat de compétences.
Jusqu’à maintenant en France, seuls les juristes se sont appropriés le terme « pro bono », abréviation de l’expression latine « pro bono publico » signifiant « pour le bien public. » A l’origine, l’activité pro bono des avocats consistait à donner gratuitement des conseils à des individus qui n’avaient pas les moyens d’accéder aux services d’un avocat. Désormais, cette aide est plus large et, nombre de cabinets d’avocats sont dotés d’un département pro bono, signe que ces programmes ont un impact fort sur la réputation de l’entreprise et l’implication de ses salariés.
Souhaitant donner du sens à leur carrière, les salariés des autres secteurs manifestent également un intérêt croissant pour l’engagement pro bono depuis une dizaine d’années. Ils s’engagent tant sur leur temps libre, dans le cadre du programme de bénévolat de leur entreprise ou avec des associations telles que Passerelles et Compétences, que sur leur temps de travail, quand leur entreprise le leur permet grâce à un dispositif de mécénat de compétences.
Les bénéfices du pro bono sont partagés entre les trois acteurs qu’il implique : le bénéficiaire, le volontaire et l’entreprise
Le bénéficiaire reçoit une aide réinventée.
Le pro bono bénéficie soit à un organisme d’intérêt général (associations et fondations notamment) soit à un individu directement. Pour ne parler que des associations, le pro bono apporte des solutions aux défis nouveaux qu’elles doivent relever :
- Besoins en compétences de plus en plus pointues : pression sociétale, multiplications des demandes d’aide, complexification des conditions, intensification de la législation ;
- Pression sur la performance et réduction des moyens : baisse des subventions privées due à la crise et désengagement de l’État, concurrence accrue entre les associations ;
- Évolution structurelle du bénévolat : bénévoles réguliers moins nombreux, engagement plus ponctuel.
Nous n’aurions jamais été capables de réunir les ressources nécessaires à la réalisation de ce projet par nous-mêmes. » Patty Wipfler, Directrice Exécutive de l’association Hand in Hand, qui a reçu deux projets de pro bono, en stratégie de marque et en identité visuelle.
Nous avons pu réfléchir au public, aux histoires, aux images, et passer moins de temps sur les polices et l’écriture. Cela nous a permis de réfléchir au document de manière stratégique. » Gregg Small, Directeur Exécutif de l’association Climate Solutions, dont le rapport annuel a été réalisé par une équipe de consultants bénévoles.
Le volontaire s’engage efficacement pour la société civile.
Il peut s’engager en tant que bénévole ou salarié. Dans tous les cas, le pro bono lui permet de :
- Répondre à sa quête de sens : motivation citée par 76% des bénévoles, afin de trouver dans son activité un épanouissement personnel motivant ;
- Aiguiser son expertise professionnelle et/ou ses compétences personnelles : leadership, esprit d’équipe, capacité d’adaptation, de négociation, résolution de conflits, d’innovation, etc.
- Elargir son réseau en intégrant une équipe et en rencontrant des personnes d’un univers différent et/ou dans un cadre inhabituel ;
- Gagner confiance en lui/elle.
Désormais de retour à mon poste chez Pfizer, je mesure chaque jour les bénéfices de ce que j’ai appris à travers mon travail au Rwanda : parvenir à un consensus et négocier est désormais plus facile grâce à mon expérience professionnelle avec différents acteurs (donateurs, représentants du gouvernements, personnel de santé, patients) dans une autre culture ; enseigner des concepts et processus complexes est plus intuitif ; ma capacité à résoudre des problèmes s’est élargie ; et les problèmes qui me semblaient auparavant quasi-insurmontables ne m’inquiètent plus une seconde. » Alison Hager, Responsable en contrôle de gestion chez Pfizer
Lors de notre première rencontre avec le client, un administrateur était visiblement sceptique à l’idée de travailler avec une équipe de consultants pro bono. Après avoir présenté nos recommandations, il avait complètement changé d’opinion. J’étais très fière de notre équipe et notre travail a clairement ajouté une valeur à l’association. Je suis maintenant plus sûre de moi professionnellement. » Julie T., Directrice de projets, consultante bénévole chez Taproot
L’entreprise actionne un puissant levier de performance.
Lorsqu’elle impulse ou organise un programme pro bono, le rôle de l’entreprise est déterminant, puisque c’est de la qualité du management des projets pro bono et de la gestion des ressources humaines impliquées que dépend l’impact social et business du programme. Le pro bono permet alors d’agir sur quatre piliers de la performance de l’entreprise :
- Gestion des ressources humaines : motivation, cohésion interne, gestion des compétences et des carrières, attraction et rétention des talents ;
- Image et réputation : attirer l’attention sur des valeurs positives et attractives, communiquer autour d’une politique de RSE (responsabilité sociale de l’entreprise) efficace et intelligente ;
- Ancrage territorial : créer des impacts positifs dans son environnement local, favoriser l’acceptation de ses activités et être reconnu au sein d’une communauté ;
- Anticipation et innovation : utiliser ses compétences sous des contraintes inhabituelles invite à adopter un regard neuf et pousse à l’ingéniosité, à l’économie et à l’anticipation, véritables leviers d’innovation.
Nos collaborateurs créent non seulement de la valeur pour la société en général, mais gagnent également en vision stratégique, pensent à des idées nouvelles et acquièrent des compétences qui guident l’innovation – une des valeurs fondamentales de Pfizer. Je n’insisterai jamais assez sur les bienfaits de ce programme pour nos partenaires associatifs, nos employées et notre entreprise. Ce programme nous aide à garantir notre légitimité à exercer notre activité. » Robert Mallett, Vice-Président chez Pfizer Inc. et Président de la Fondation Pfizer
Nous voyons une corrélation directe entre l’implication citoyenne de nos collaborateurs et leur motivation chez Gap. Des employés engagés obtiennent des résultats commerciaux remarquables, ce qui est bon pour la communauté et pour notre entreprise. » Gap Inc.
Les meilleures pratiques du pro bono ?
Il n’existe pas un seul modèle de programme pro bono, mais plusieurs. Citons par exemple les journées du volontariat ou « marathons », les congés solidaires, le tutorat et parrainage, le bénévolat de compétences individuel, le pro bono consulting en équipe, la prestation de service gratuit, la participation à un conseil d’administration, etc. Ces programmes sont autant d’opportunités pour les volontaires de trouver l’engagement qui leur convient. Du point de vue des entreprises et des associations, ces modèles présentent des différences notoires qu’il convient d’analyser avant d’opter pour un ou plusieurs programmes. En effet :
- Les pré-requis organisationnels, l’investissement et le suivi nécessaire diffèrent pour chacun des programmes, tant pour le bénéficiaire, dont la structure doit pouvoir supporter le projet, que pour l’entreprise, en fonction de son secteur, de ses métiers, etc.
- L’impact sur l’organisation bénéficiaire est plus ou moins fort et structurel ;
- L’impact sur la performance de l’entreprise est plus ou moins fort et direct.
Potentiellement, le pro bono permet de satisfaire à la fois les intérêts des volontaires, des bénéficiaires et des entreprises. Pourtant, la conception, la mise en place et la pérennité d’un programme de pro bono performant requièrent un management de projet habile et intelligent. Une réflexion préalable est nécessaire pour identifier les meilleures pratiques du pro bono par secteur afin de maximiser l’impact social et business de l’engagement des volontaires.
Rappelons que le mécénat de compétences ne requiert pas nécessairement la mobilisation de son expertise professionnelle (cf. définition du mécénat de compétences)
*Inspiré de l’étude du RAMEAU « Bénévolat et mécénat de compétences : quel dialogue salariés/entreprises/associations ? » pour la définition des besoins associatifs.