Comment soutenir le jeune secteur associatif chinois ? S’inspirer des meilleures pratiques américaines et faciliter le bénévolat et mécénat de compétences en Chine !
Le développement économique a permis à des centaines de millions de Chinois de sortir de la pauvreté, et a favorisé la formation d’une classe moyenne. Pourtant, il est aussi à l’origine de bouleversements environnementaux majeurs et d’une instabilité sociale menaçante due à l’accroissement des inégalités de revenus. Pour deux acteurs locaux de référence, le Centre de Développement du Volontariat de Beijing Huizeren et la fondation privée Narada, le pro bono est un moyen innovant d’accompagner la croissance des associations et de promouvoir l’engagement bénévole.
Dans le cadre du projet CiYuan Initiative, lancé en 2010 pour promouvoir la philanthropie en Chine, le BSR a mis en contact Huizeren avec la Taproot Foundation. Hewlett-Packard, soucieux d’impliquer ses collaborateurs en Chine, et la Narada Foundation ont financé le voyage de Yan Zhai (directrice de Huizeren), Xin Fu (chargée de projet Huizeren) et Li Yusheng (Narada Foundation). J’ai donc eu l’occasion d’apprendre aux côtés de mes camarades chinois lors de 3 semaines de formation intensive dans les locaux de Taproot à San Francisco !
La naissance du secteur associatif et du bénévolat en Chine
Historiquement, l’Etat chinois et le secteur non lucratif ne font qu’un. Mais depuis quelques années, la conjonction de plusieurs facteurs a permis le développement d’associations locales et l’essor du bénévolat :
- La naissance des ONG locales, soutenues par les entreprises, les fondations privées et les ONG internationales, s’apparente à une tendance de fond fortement corrélée à l’émergence de la société civile chinoise.
- Les Jeux Olympiques de Beijing en 2008 ont mobilisé massivement une nouvelle génération de bénévoles, tandis qu’un an plus tard, une catastrophe naturelle a confirmé l’utilité sociale du bénévolat pour venir en aide aux populations victimes du tsunami dans la province de Quinghai.
Cependant les donations sont généralement encore captées par les fondations publiques et sont reversées à l’Etat en bout de course. Le manque de ressources empêche alors les associations locales d’atteindre la taille critique. Conséquence ? Elles n’ont pas la capacité d’accueil nécessaire pour répondre à la demande de millions de chinois souhaitant s’engager pour l’intérêt général.
Le nouveau rôle des fondations privées
En 2004, le Ministère des Affaires Sociales annonce une nouvelle réglementation des fondations. Deux types de fondations sont alors reconnus : publiques et privées. Les premières fondations privées voient le jour en 2005 et aujourd’hui, la Chine en compte 1039 (pour 2112 fondations au total).
Créée en 2007, Narada Foundation est une fondation privée, supervisée par le Ministère des Affaires Sociales chinois. Avec pour mission de « promouvoir la société civile » Narada Foundation a été dotée par le groupe chinois Shanghai Narada d’un capital de 100 millions Yuans (soit 10,6 millions d’euros), et figure parmi les leaders de la philanthropie chinoise.
Parmi plus de 100 ONG chinoises déjà partenaires, Huizeren a particulièrement retenu l’attention de la Narada Foundation. Créé en 2003 par Yan Zhai (cf. photo), Huizeren est le Centre de Développement du Volontariat de Pékin. Alors que de nombreuses associations rencontrent des difficultés à lever des fonds pour soutenir leur croissance, Huizeren a fait de la formation des bénévoles et de la recherche des meilleures pratiques d’implication citoyenne son coeur de métier. Le but ? Doter les nombreuses associations chinoises qui peinent à lever des fonds de ressources humaines gratuites et qualifiées.
D’un côté, de plus en plus d’entreprises implantées en Chine souhaitent engager leurs salariés. De l’autre, Yan Zhai déplore la prédominance du volontariat « manuel » mobilisant peu de savoir-faire, dû au manque d’expertise en management de projets bénévoles. Ce type de volontariat n’a pas d’impact structurel sur l’association et génère un faible taux de satisfaction des salariés vis-à-vis de leur engagement. Le pro bono est alors apparu comme la meilleure façon de soutenir la croissance des associations tout en répondant aux attentes des salariés.
Pour approfondir :
Le site du CiYuan (en anglais)
Un article sur Huizeren (en anglais)
Woa. Super cet article. Je n’aurais pas imaginé que le pro bono lab, après son extension aux USA partait déjà à la conquête de la Chine. 🙂
Sans rire, l’article est super car on a du mal à imaginer, depuis notre petite France pépère, les formes originales que peuvent prendre le bénévolat en Chine capitalo-communiste. Merci !
Bonjour,
Je découvre votre blog, grâce à un commentaire sur http://www.blog-associations.com/index.php?2009/11/12/187-recreation-il-est-competent-et-benevole-il-a-tout-compris
Une question :
Les entreprises qui pratiquent le mécénat de compétences en Chine peuvent elles bénéficier d’une réduction d’impôt comme ici ? Et si oui à quelle hauteur ?
JC
Bonjour à tous les deux et merci pour vos commentaires 🙂
@ Siggg : et ça n’est pas fini, j’échange beaucoup avec d’autres entrepreneurs sociaux qui comme nous développent le pro bono dans leur pays, et notamment au Japon, à Singapour, en Inde, au Costa Rica et en Suède ! Articles à venir !
@ Jean Claude : les pratiques fiscales dépendent du droit local et, malheureusement, en Chine, il n’existe aucun avantage fiscal en faveur du mécénat.
Yoann