Les volontaires qui réalisent des projets pro bono peuvent être des individus bénévoles ou des salariés d’entreprise, notamment en mécénat de compétences. En psychologie, la volonté est la capacité à accomplir un acte intentionnel, consciemment. En philosophie, c’est la faculté d’exercer un choix libre et rationnel indépendamment des tendances instinctives. Un volontaire est donc tout d’abord une personne capable de faire le choix libre de son action.
Le bien public et l’intérêt général, où en est-on ?
En politique, la volonté populaire est le fondement de la démocratie. Ainsi, la conception rousseaulienne et humaniste de l’intérêt général le définit comme dépassant chaque individu, étant en quelque sorte l’émanation de la volonté de la collectivité des citoyens en tant que telle. Cette conception française qu’on peut qualifier de moniste donne une certaine primauté au groupe sur l’individu en nous disant que la collectivité en tant que telle existe, qu’elle n’est pas une illusion ni même une simple somme des individus qui la composent. Alors, pour l’intérêt général, nous devons agir tous ensemble ! Plus loin, selon Rousseau rien ni personne ne peut prétendre représenter la volonté du peuple hormis le peuple lui-même. Rousseau prônait donc l’abolition des corps intermédiaires, et paradoxalement on s’avance à peine en disant qu’il n’aurait pas voté la loi de 1901 sur les associations afin d’être fidèle à son contrat social !
Par opposition, la conception anglo-saxonne est dualiste et définit l’intérêt général comme la somme des intérêts particuliers. Cet conception très économique de l’intérêt général ressemble à une froide somme mathématique. Elle n’est pas vraiment humaniste, et fera écrire à Adam Smith, en parlant des échanges entre les individus : « Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme, et ce n’est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c’est toujours de leur avantage ». Cette conception a une grande force : elle nous décomplexe, en nous disant que pour contribuer à l’intérêt général, il suffit de défendre son intérêt particulier car c’est tout ce que nous pouvons faire. Elle possède néanmoins une faiblesse morale par rapport aux valeurs françaises : elle consacre l’inégalité de fait entre les hommes, et ne place ni l’égalité ni la fraternité au sein de l’intérêt général, puisqu’elle conçoit que les « grands intérêts » soient mieux représentés que les autres dans le débat public, ce qu’on peut voir comme une expression non-violente de la loi du plus fort. Aux Etats-Unis, cela se manifeste par l’autorisation des lobbies qui influencent les parlementaires. Officiellement, ces lobbys n’existent pas en France, sur ce terrain le respect du principe rousseaulien semble perdurer.
Le bien public est une notion économique : c’est un bien ou un service dont l’utilisation est non-rivale et non-exclusive c’est-à-dire que la consommation du bien par un agent n’a aucun effet sur la quantité disponible de ce bien pour les autres individus, et qu’une fois que le bien public est produit, tout le monde en bénéficie.
Et les volontaires dans tout ça ?
L’étymologie du mot « bénévole » vient du latin « benevolus » qui signifie « bonne volonté ». On accepte généralement que le fait de dire qu’un objet ou une action soit « bonne » représente un jugement affectif ou sensoriel. A côté, le « bien » est un jugement plus intellectuel ou moral. Un bénévole serait donc un volontaire qui fait le choix d’agir en justifiant son action par sa sensibilité, par un choix libre auquel le mène son affection. S’il souhaite aller plus loin que montrer sa bonne volonté et faire vraiment le bien, son action prend alors un but moral. Pour que son action puisse être appelée bénévolat, elle doit de plus être non-rétribuée. Quoi de plus naturel, nous sommes heureux que les sentiments n’aient pas de prix !
Le pro bono est l’engagement volontaire de compétences pour le bien public. En incluant le bénévolat et le mécénat de compétences, le pro bono permet d’oublier un instant le cadre financier de l’action, car si le bénévole n’est pas payé, le salarié reste rémunéré dans le cadre du mécénat. Le pro bono met donc l’accent sur le pourquoi, sur le sens de l’action : « pro bono publico » signifie en latin « pour le bien public ». Le volontaire pro bono est donc d’abord celui choisit de destiner son action au bien public. Cette approche permet de concilier les différentes conceptions politiques de l’intérêt général en adoptant une raison essentiellement économique : qu’elle soit ou non justifiée par une raison morale et par un choix personnel, l’action du volontaire se destine avant tout à créer de la valeur pour tous.
Les volontaires pro bono sont des créateurs de valeur pour le bien public !
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Descendons maintenant de cette définition idéale du volontaire pour donner une description réelle des volontaires pro bono que nous connaissons. Nous avons été accompagnés et soutenus en cette première année d’existence par de nombreux volontaires qui nous ont apporté leur expérience, leurs idées, leur énergie et leur courage sans lesquels nous n’en serions probablement pas là. A eux tous, ils ont créé énormément de valeur que notre Lab se donne désormais pour mission de partager avec le plus grand nombre. Au nom du Pro Bono Lab, je souhaiterais me joindre à Yoann et profiter de cet article pour tous les remercier dans un ordre dispersé qui témoigne de l’entièreté de notre affection :
Antoine G., Eric L., Hélène T., Laugan P., Emilie V., Nathan B., Laura L., Quentin A., Céline L., Sylvain P., Mehdi A., Lucile P., Adrien J., Robin P., Ingrid V., Stefan M., Antoine A., Arnaud V., Mélina F., Elsa C., David L., Brigitte B., Véronique P., Elodie F., Morgane S., Coralie V., Antoine B., Amandine P., Victor B., Marie M., Ingrid C., Julie B., Ytto E., Dorothea H., Marion L., Sophie R., Sarielle L-M, Stefan M, Miriam Y., Aaron H., Dima M., Dan R., Nicolas T…
Ainsi que d’autres volontaires encore, et demain peut-être vous ?