Les pratiques du pro bono au sein des cabinets d’avocats français


le 29 décembre 2011 dans C'est quoi, Non classé, Pro Bono - No comments

Avec la généralisation des activités pro bono en France, Le village de la Justice et LawinFrance, deux sites dédiés aux métiers du droit, ont décidé de réaliser un état des lieux des pratiques du pro bono au sein des cabinets d’avocat français. L’étude[1] s’articule autour de trois axes : les pratiques, la conception du pro bono et la communication réalisée sur ce dernier.

Les pratiques : entre diversité des compétences et rationalisation des causes défendues

Les cabinets  d’avocats français s’impliquent de différentes manières  au profit des causes d’intérêt général. Après le classique mécénat financier ou la diminution des honoraires  en soutien aux associations, le pro bono se révèle un bon moyen de concrétiser les engagements RSE des cabinets. On différencie deux types d’intervention : le conseil juridique intervient directement auprès des associations tandis que l’aide juridictionnelle aide les personnes en situation précaire.

En outre,  le pro bono a la capacité de faire remonter les initiatives des avocats. En effet ces derniers ont l’opportunité de choisir les projets associatifs en fonction  de leurs centres d’intérêts pour les faire valider par les associés,  comme le confirme le cabinet August & Debouzy dans cette étude. Les actions pro bono des cabinets semblent toutefois suivre la tendance du mécénat d’entreprise à savoir la création d’une politique RSE et un recentrage des actions pour en augmenter l’impact.

La conception du pro bono

LawinfranceL’étude  revient sur la différence entre la culture anglo-saxonne et la culture française,  différence qui tend à diminuer suite au changement du dogme de l’Etat garant de l’intérêt général.  Les problèmes économiques de l’Etat français poussent à l’innovation. Là où Roselyne Bachelot voit le secteur associatif comme nouveau garant de l’intérêt général (lire «Le centre d’analyse stratégique valorise-t-il plus particulièrement le pro bono ?»), la RSE met en avant la capacité des entreprises à faire face en partie aux problématiques sociétales.

Les Village de la Justicecabinets d’avocat sont-ils à la traine par rapport aux entreprises généralistes ? Pas tant que cela selon le cabinet Linklaters. Le Barreau français aurait, à l’instar des avocats américains, une tradition du bénévolat et du pro bono. Le pro bono français du secteur évoluerait surtout sur sa mise en place : il se structure et s’organise pour impliquer davantage de personnes et optimiser son impact. Le projet de création de la fondation du Barreau de Paris le 6 avril 2011 viendrait confirmer ce constat (lire « Le barreau de Paris va soutenir le pro bono juridique »).

La démarche est récente et l’efficacité a du mal à être mesurée mais elle tend à rejoindre celle de la culture anglo-saxonne.

Communiquer sur ses actions pro bono

Sur le terrain de la communication, les cabinets d’avocats rejoignent également les entreprises généralistes sur leur volonté de valoriser leurs actions pro bono. Des campagnes de communication à la création de pages web spécifiques, les cabinets regorgent d’innovation pour gagner en visibilité allant jusqu’à créer un évènement pour récompenser les implications pro bono de leurs avocats. De même que pour la mesure de l’efficacité, l’impact de la communication reste difficilement mesurable. Une des difficultés de la mesure est notamment liée à l’étendue des retombées positives que génèrent les actions pro bono : en matière de développement des ressources humaines et de fidélisation des avocats, ou en matière de visibilité auprès de ses clients. Les affaires ne sont pas non plus en reste : le cabinet Proskauer a réussi à joindre l’intérêt général au business en travaillant sur des dossiers pro bono avec quelques uns de ses principaux clients.

La valeur partagée dans les projets pro bono est une partie de la réponse au questionnement sur la limite entre l’éthique et le business.

Crédit photo : Pen and paper par LucasTheExperience, sous licence Creative Commons.


[1] Voir l’étude complète ici

 

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