Les Jeux olympiques de Londres, ça vous dit quelque chose ? Difficile de les oublier, n’est ce pas ? La cérémonie d’ouverture, présidée par le roi Georges VI, reste dans toute les mémoires. Et que dire du triomphe de Harrison Dillard sur 100 mètres, coiffant au poteau Barney Ewell et Lloyd LaBeach ! Je vous sens perplexe… 1948 n’est pourtant pas si loin que ça ! Pour la deuxième fois de son histoire Londres recevait alors les Jeux olympiques d’été et révolutionnait leur organisation, en faisant appel à des volontaires. Cet été, les jeux sont retournés pour la troisième fois à Londres, et ce ne sont pas moins de 70 000 volontaires qui ont cette fois veillé à leur bonne tenue. L’occasion également, pour les entreprises, d’impliquer leurs salariés. Pour leur plus grand plaisir !
70 000 « faiseurs de jeux »
Les Jeux olympiques font toujours couler beaucoup d’encre et de sueur. Mais une fois passée l’euphorie du moment, l’heure est au bilan. Un bilan qui donne le vertige cette année : 11 060 sportifs en compétition, 4 milliards de téléspectateurs, 205 pays représentés dans 32 disciplines… La plupart des observateurs s’accordent à dire que ces jeux ont été une réussite. Aujourd’hui, Boris Johnson, le maire de Londres, entend bien capitaliser sur cet élan d’optimisme et de patriotisme pour préparer l’avenir. Inciter les jeunes à faire du sport, faire fructifier économiquement le parc olympique et revaloriser le bénévolat fait partie de ses priorités. Le rôle des 70 000 «faiseurs de jeux» (games makers), ainsi que les a appelés le comité d’organisation semble en effet avoir été un électrochoc pour le pays qui se rend compte de la valeur de ces millions de volontaires à travers le pays, donnant de leur temps et de leurs compétences au service des autres.
Le Sunday Telegraph a lancé il y a quelques jours le Prix des Volontaires Anglais (British Volunteer Awards), une initiative visant à mettre en lumière la contribution de ces héros méconnus et inciter les anglais à s’inspirer de leur exemple. Les candidatures pour ce prix, généralement faites par un proche du volontaire mis à l’honneur, viennent des quatre coins du pays. Il est toujours possible de s’inscrire pour le prix, lancé en partenariat avec Waitrose, une enseigne de supermarchés anglaise. Les vingt gagnants du concours seront sélectionnés par un panel de juges indépendants et se verront remettre 500£ pour leur organisation de volontariat. Lord Coe, président du comité d’organisation olympique, a salué l’initiative et a incité les volontaires à poursuivre leur engagement auprès de la communauté et des divers clubs sportifs anglais à la suite des jeux. « On sait qu’il y a une réelle envie de se porter volontaire dans le pays. Mon espoir est que les faiseurs de jeux sauront se rendre disponibles par la suite. Leur valeur ne réside pas seulement dans leur gentillesse et leurs sourires. Ils sont incroyablement compétents. Ce sont des gens biens qui seraient d’un réel apport à n’importe quel club ».[1]
En ces temps de crise économique, des voix s’élèvent et dénoncent une forme d’exploitation. Pour certains, ces 70 000 volontaires ont surtout été un moyen de rogner sur les coûts de l’évènement. Difficile de dire quelles ont été les motivations qui ont poussé les organisateurs à faire appel aussi massivement à des volontaires. Ce dont on peut juger par contre, c’est de la satisfaction de ces volontaires et du ressenti des athlètes. Roy Yeoman, un volontaire de 66 ans qui s’occupait d’accompagner les personnes âgées dans leurs déplacements au sein du village olympique, raconte : «On aide les gens à se déplacer en conduisant les véhicules ou en fournissant des fauteuils roulants électriques. On aides des personnes qui, autrement, ne pourraient pas se rendre sur les lieux. Les Jeux Olympiques, et maintenant les Paralympiques, ont été des expériences incroyables. Me porter volontaire a été une des meilleures choses que je n’ai jamais faites». Rebecca Adlington, médaillé d’or en natation, témoigne : «Il faut glorifier nos volontaires. A Londres 2012 ils étaient incroyables. Ils étaient à toutes les épreuves. Ils respectaient notre intimité d’athlètes tout en étant là pour nous aider. Les volontaires ont fait les Jeux»[2].
L’entreprise au rythme des JO
Une effervescence incroyable entourait les Jeux de Londres cette année. Il flottait dans l’air un parfum mondial, une communion était perceptible autour de ces athlètes porteurs de leurs propres espoirs et de ceux de leur pays. Pour les entreprises, les Jeux Olympiques ne sont pas que synonymes d’un taux d’absentéisme anormalement élevé ou d’un allongement inhabituel de la durée des pauses café, c’est aussi l’occasion de marquer leur adhésion aux valeurs véhiculées par l’événement. Les Echos ont publié à ce sujet un article[3] recensant quelques bonnes pratiques en la matière. Celles-ci vont du simple sponsoring – Coca Cola est sponsor officiel des Jeux depuis 84 ans – au mécénat de compétences, en passant par la rencontre entre des salariés et des sportifs de haut-niveau.
Procter & Gamble a ainsi marqué l’événement par l’organisation d’une « semaine olympique » et de jeux concours en interne, avec de nombreux lots à gagner. Les salariés du groupe ont par exemple eu la chance d’être initiés au fleuret par l’escrimeur Eric Boisse et cinq d’entre eux ont été chargé de rédiger des comptes rendus réguliers des épreuves des Jeux sur l’intranet. Coca Cola n’a pas lésiné sur les moyens et a même permis à certains salariés d’être, pendant quelques minutes, porteurs de la flamme olympique ! Le groupe a également offert a 80 de ses collaborateurs français un aller-retour aux Jeux avec la personne de leur choix et a envoyé des salariés aider les équipes locales à gérer la logistique. L’article des Echos – que je vous invite à lire – le rappelle bien, il n’est pas nécessaire de posséder le budget de Coca Cola pour faire vivre ses salariés au rythme des Jeux : le Club Ambition Sport réunit 150 PME qui, pour quelques centaines d’euros, peuvent offrir à leurs salariés des informations exclusives sur les Jeux et l’accès à des jeux concours, le tout via une application pour smartphones. Les salariés de PME louent l’idée : « L’initiative nous a soudé en interne. Et prouve la considération de nos dirigeants ».
Dans le cadre des Jeux paralympiques, la Fondation d’entreprise Orange a effectué un appel à projets solidaires destinés aux salariés du Groupe France Telecom Orange. Parmi les projets retenus, tous visent à sensibiliser le public sur les problèmes d’intégration des handicapés physiques ou mentaux, ainsi que de favoriser le partage d’expérience avec les athlètes paralympiques. Un projet propose par exemple d’organiser des rencontres entre ces athlètes et les élèves d’une classe ULIS (intégration scolaire d’élèves ayant un handicap moteur) et de les emmener assister aux épreuves à Londres. Un autre a permis d’accompagner 50 personnes à rallier Paris à Londres en 5 jours. Le groupe, composé de valides en rollers et d’handicapés physiques en fauteuils roulants manuels, parcourra ainsi 500 kilomètres à la seule force de leur entraide.
On le voit bien, les Jeux Olympiques ne sont pas seulement Usain Bolt finissant son 100 mètres en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. Derrière ces images qui, certes, nous font vibrer, ce sont avant tout des histoires personnelles d’hommes et de femmes trouvant leur épanouissement à travers le don de leur temps au service des athlètes ou du public. C’est aussi toute une dynamique qui transcende les frontières du monde du travail et incite les salariés à mettre toutes leurs compétences et leurs idées au service d’un idéal. La joie dans l’effort pourrait-on dire.
[1] http://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/british-volunteer-awards/9514671/British-Volunteer-Awards-Boris-Johnson-praises-volunteers.html
[2] http://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/british-volunteer-awards/9484592/British-Volunteer-Awards-Sport-cant-exist-without-volunteers-says-Laura-Trott.html
[3] http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/service-distribution/actu/0202129073118-quand-les-salaries-participent-aux-jeux-olympiques-340045.php