Les compétences constituent un enjeu majeur pour l’entreprise et sont un avantage compétitif avéré. La gestion des talents, selon le vocabulaire en vogue, est donc une préoccupation de nombreuses entreprises : elles cherchent à acquérir, retenir, motiver et développer les talents dont elles ont besoin pour être efficientes et compétitives. Comment le pro bono peut-il concourir à ce dernier volet, tout en créant de la valeur pour d’autres parties prenantes ? Comment mesurer le développement des compétences qu’entraîne le pro bono ?
Une compétence est un ensemble de savoirs, d’aptitudes, de comportements et d’expériences propre à un individu.
Dr Mc Clelland, précurseur de la gestion des compétences.
Dr Mc Clelland définit d’ailleurs onze compétences génériques :
Ces compétences peuvent évoluer et se développer grâce à la formation ou encore à l’expérience. Il est donc indispensable pour les entreprises d’accompagner et de mesurer le développement des compétences de leurs employés.
Développer des compétences à travers le pro bono
Le mécénat ou le bénévolat de compétences met en jeu les compétences personnelles et professionnelles des volontaires. Au cours des projets ceux-ci peuvent exercer leurs talents, et même dans certains cas les développer: c’est un moyen de faire émerger des capacités valorisables et mesurables en entreprise. En effet le volontaire pourra améliorer sa productivité, notamment en menant plus efficacement ses missions grâce aux compétences qu’il a su développer lors de son expérience pro bono.
1. Développer des compétences personnelles
Le volontaire développe des compétences transversales qu’il utilisera plus ou moins directement à son poste au sein de son entreprise. Par exemple un comptable qui participe à la construction d’un village dans un pays pauvre sortira enrichi humainement de cette expérience. Il pourra avoir développé sa capacité d’écoute, sa capacité d’anticipation ou son contrôle de soi, qui lui permettront de mieux gérer ses relations avec les clients, de gagner du temps en améliorant la compréhension réciproque et en prévenant les conflits.
2. Exercer des compétences professionnelles
Le volontaire utilise ses propres compétences au cours d’une action bénévole, toutefois il ne développe pas toujours de nouvelles compétences. Par exemple un chargé de marketing utilise son expertise afin d’aider une association à définir un plan de communication dans un contexte assez proche de ses habitudes de travail. Il est certain qu’il apportera de la valeur à la structure. Cependant, il peut s’agir d’un plan de communication assez similaire à d’autres qu’il aura produit, et de ce fait il n’augmentera pas ses compétences, ou n’améliorera pas ses capacités à mieux faire son travail. Néanmoins, dans une période de faible activité par exemple cela permet de tenir ses compétences à jour, de rester affuté, ce qui est une source de motivation et de reconnaissance pour les volontaires. Cela permet aussi pour certains de donner du sens à leurs compétences, de se les réapproprier.
3. Développer des compétences professionnelles
Le volontaire choisi de réaliser une expérience pro bono en rapport avec son cœur de métier, avec une dimension nouvelle. Il va plus loin dans sa connaissance métier ou découvre de nouvelles compétences qu’il pourra utiliser dans sa vie professionnelle. Par exemple, une personne ayant des fonctions managériales au sein de son entreprise qui s’exerce à la gestion de projet, ou encore un avocat qui participe à un projet pro bono et qui augmente ses connaissances en droit des associations, ou encore un professionnel de la communication qui doit réaliser une campagne à budget réduit avec des médias inhabituels. Ces expériences illustrent bien le fait que des bénévoles peuvent, à travers une expérience pro bono, gagner en expérience et développer des compétences qui leurs permettront d’être plus productif dans leur vie professionnelle.
Mesurer l’impact du pro bono en entreprise
Le pro bono permet à des volontaires de développer des compétences personnelles, d’exercer et de développer des compétences professionnelles. Il s’agit maintenant pour les entreprises de prendre conscience de la valeur qu’elles pourraient dégager de ce type d’activité. Or il existe plusieurs façons de valoriser le bénévolat ou le mécénat de compétences au sein de l’entreprise.
1. Valoriser monétairement l’augmentation de productivité
Cela requiert une certaine connaissance des fonctions occupées. Après avoir estimé le gain d’efficacité sur la réalisation d’une tâche précise de façon individuelle ou collective, il est possible de l’évaluer monétairement.
2. Calculer le coût d’opportunité
Il s’agit d’évaluer le coût qui a été économisé grâce au pro bono en répondant à la question suivante : combien cela m’aurait-il coûté de former mes employés aux compétences acquises lors de cette expérience bénévole ?
3. Effectuer un suivi du gain en compétences
Préciser le type et le degré de compétences développées peut permettre de valoriser le bénévolat auprès des acteurs sensibilisés à l’importance de la gestion des compétences (notamment le service RH des entreprises).
En définitive, quelque soit la méthode utilisée, il est important pour l’entreprise d’identifier et d’analyser rationnellement les raisons pour lesquelles elle souhaite mettre en place des programmes pro bono. Outre la possibilité de consolider ou de développer les compétences des collaborateurs, le pro bono a une véritable valeur pour l’entreprise. Elle agit sur 3 principaux leviers : les ressources humaines, l’image de marque et l’innovation. Pour plus de détails, je vous invite à consulter l’étude « Demonstrating the business value of pro bono service », réalisée par Pro Bono Lab et The Taproot Foundation.