Faciliter l’engagement des étudiants et des jeunes adultes

Génération Y, génération selfies… génération égoïste et autocentrée ? Un préjugé répandu dans la société qui est démenti à chaque enquête sur les 15-35 ans. Au contraire, les jeunes adultes et étudiants sont en quête de sens et d’engagement. Face à la crise et à une situation économique qui leur est particulièrement défavorable, cette tranche de la population s’exprime de plus en plus par la voie associative. Souvent désabusés par certains comportements politiques, ils trouvent ainsi un moyen concret d’agir pour l’intérêt général. L’étude de France Bénévolat parue en 2014 confirme cet engouement des jeunes pour le tissu associatif avec une hausse de 32% des 15-35 ans qui déclarent consacrer du temps à une association. Une véritable force dans la construction d’une société plus solidaire et harmonieuse que les pouvoirs publics souhaitent pérenniser et développer à travers différents dispositifs. 

Acquérir des compétences et contribuer à l’intérêt général

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Les sondages sur l’engagement de la jeunesse se suivent… et se ressemblent. Si l’étude de France Bénévolat avait déjà montré la progression de l’engagement chez les jeunes, l’enquête « La France Bénévole 2016 » réalisée par Recherches et Solidarités entre 2010 et 2016 va dans le même sens. Ainsi 36% des moins de 35 ans se seraient investis en faveur d’une association en 2016 contre 27% en 2010. Une volonté d’agir sur le monde qui se traduit également dans leur relation avec l’entreprise : les étudiants veulent réussir tout en rendant le monde meilleur. Leur volonté d’avoir un impact sur l’intérêt général les poussent d’ailleurs de plus en plus vers les métiers de l’Economie Sociale et Solidaire selon la dernière étude IPOS-Boston Consulting Group sur les attentes des jeunes diplômés. Si cette population trouve une réelle satisfaction à donner du temps pour les causes qui lui tiennent à coeur, elle y trouve aussi de nombreux avantages qui lui seront précieux sur le marché de l’emploi : mise en pratique des savoirs acquis durant leurs études, développement de compétences personnelles comme le leadership, la gestion du stress ou la communication, les jeunes ont compris que le monde associatif était un terrain privilégié pour développer les compétences qu’ils auront également à utiliser dans leur vie professionnelle. Un constat démontré par l’étude « La France Bénévole 2016 » qui souligne que «l’acquisition de compétences » est la motivation pour faire du bénévolat qui a le plus progressé de 2010 à 2016 . Par ailleurs, l’engagement bénévole demeure un atout pour démontrer certaines valeurs de l’individu et peut faire la différence lors d’un entretien d’embauche dans une situation économique où la recherche d’un emploi est fortement concurrentielle. Ainsi, l’engagement associatif des étudiants et des jeunes adultes constituent à la fois une opportunité de s’épanouir personnellement, un facteur de différenciation lors de la recherche d’un travail mais aussi une chance d’acquérir de nouvelles compétences en dehors du cursus éducatif classique.

Les pouvoirs publics se saisissent de la question de l’engagement des jeunes

Working at lessonPlusieurs actions des pouvoirs publics ont été prises pour favoriser ce mouvement solidaire. Le service civique est bien sûr la mesure phare dans le domaine. Il s’agit d’un engagement volontaire au service de l’intérêt général, ouvert à tous les jeunes de 16 à 25 ans sans condition de diplôme, et indemnisé 573 euros net par mois. Lancé en 2010, le dispositif a déjà permis à 120 000 jeunes de s’engager. Il bénéficie d’une forte notoriété et d’une bonne image auprès de la cible concernée selon les derniers chiffres dévoilées par l’Agence du Service Civique. Ainsi, 96% des jeunes entre 16 et 25 ans connaissent le Service Civique et 85% d’entre-eux en ont une bonne image. Le Service Civique se positionne alors comme un facilitateur de l’engagement pour la génération Y en recherche de sens. Seul ombre au tableau : les 16-25 ans pensent à 81% que le Service Civique n’est pas assez reconnu par la société en général ainsi que le monde professionnel à 79%. Malgré tout, 69% d’entre-eux pensent que le Service Civique est un atout pour leur entrée sur le marché du travail.

Allons-nous vers un engagement généralisé ? Plusieurs évolutions législatives et la mobilisation de certains acteurs démontrent une réelle volonté d’aller dans ce sens. Le 9 juin dernier, des élèves et anciens élèves de grandes écoles ont publié une tribune dans Le Monde en faveur du service civique obligatoire dans ce type d’établissement. Un moyen de favoriser le « vivre ensemble » et de lutter contre le contexte actuel qui se traduit selon leurs propres mots par un « compartimentage social », des « replis identitaires », une « désillusion d’une partie des citoyens », le « désespoir d’une large frange de la jeunesse française ». La tribune souligne tout de même que de nombreuses initiatives ont déjà été prises : dans le monde de l’enseignement supérieur, on peut penser notamment aux conventions d’Education Prioritaire à Sciences Po,  au dispositif « Cordées de la Réussite »  ou aux projets d’engagement pour les étudiants. Un mouvement qui semble transcender le mur public-privé puisque les députés s’exprimeront à la fin du mois sur le projet de loi « Egalité et Citoyenneté » dont l’article 14 prévoit une validation obligatoire de l’engagement des étudiants de l’enseignement supérieur. Les compétences et aptitudes acquises au cours d’une mission de service civique dans la réserve opérationnelle de défense donneront automatiquement lieu à l’obtention de crédits d’étude ECTS supplémentaires. De cette façon, le gouvernement entend accompagner le processus d’engagement déjà à l’oeuvre dans de nombreuses universités, mais qui n’était pas obligatoire. À noter que les pouvoirs publics locaux ont aussi pris acte de l’envie de la population de s’engager bénévolement, les jeunes particulièrement. Parmi les initiatives les plus symboliques, l’application Je m’engage proposée par la mairie de Paris permet à chacun de trouver une mission bénévole en quelques clics. Si le dispositif est ouvert à tous, il s’adapte particulièrement aux comportements de la génération Y en utilisant les nouvelles technologies, favorisant les actions de proximité avec une carte qui permet de géolocaliser les missions disponibles et en proposant des missions ponctuelles à cette cible en soif de flexibilité.


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Corentin Roussel, Chargé de sensibilisation et de valorisation du pro bono chez Pro Bono Lab

 

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