« Ce qui compte ne peut pas toujours être compté » affirmait Albert Einstein.
Recherches et Solidarités et Pro Bono Lab tentent de contredire le célèbre physicien en publiant ensemble la onzième édition de l’étude « La France Bénévole ». Cette étude nationale s’attache depuis plusieurs années à compter ceux qui comptent : les bénévoles en France, leur engagement, leurs motivations et leur actions.
Les chiffres de cette étude phare sont issus des enquêtes du Baromètre d’Opinion des Bénévoles, réalisées auprès de près de 3500 bénévoles en France en 2014, avec l’apport méthodologique des experts du réseau Recherches et Solidarités. Les données les plus marquantes sont reprises dans l’infographie « La France Bénévole 2014 » réalisée par Pro Bono Lab.
Des bénévoles plus nombreux mais moins réguliers
Depuis 2013, le constat est clair (1) : les bénévoles sont plus nombreux mais ils sont moins réguliers dans leur engagement. En effet, la France compte un million de bénévoles en plus depuis 2010, leur nombre s’élève ainsi à 12,5 millions. Pourtant ils sont moins nombreux à s’engager sur une base hebdomadaire : seulement 5,5 millions d’entre eux interviennent chaque semaine, soit 10,5% des français contre 13,5% en 2010.
Qu’apprenons-nous de cette enquête du printemps dernier ? 80% des bénévoles souhaitent s’engager sur des actions concrètes et 73% des bénévoles attendent plus de satisfactions personnelles. Un engagement plus massif mais plus ponctuel, plus pragmatique et tourné autant vers la satisfaction personnelle que vers la satisfaction des bénéficiaires : autant d’éléments qui tendent à montrer que l’engagement pro bono est une solution qui peut convenir au bénévole d’aujourd’hui.
Le sentiment d’utilité et l’épanouissement personnel apparaissent comme les deux moteurs de l’engagement. En effet, respectivement 73% et 67% des bénévoles interrogés expriment ces éléments comme motivations de leur engagement. Mais ils sont aussi 55% à citer l’intérêt pour le projet associatif, 51% font référence à l’intérêt des missions confiées et 47% mettent en avant la convivialité du milieu associatif.
Comme nous l’avons vu, l’engagement hebdomadaire tend donc à diminuer en France. Les bénévoles interviennent en effet plus ponctuellement, avec quelques actions par mois ou par an. Le temps est une denrée rare pour le bénévole, mais c’est une denrée précieuse ! Plusieurs motifs d’espoir ressortent de l’étude « La France Bénévole » parmi lesquels ce constat : 50% des bénévoles sont prêts à offrir plus de temps. Et ils le sont parce que 68% des bénévoles interrogés se déclarent plus satisfaits qu’il y a 2-3 ans, et ce chiffre s’élève à 80% chez les 18-25 ans ! Cette donnée est sans doute due en partie au fait que 74% des bénévoles se considèrent encouragés dans leurs actions, et c’est le cas pour 80% des bénévoles de 18-25 ans ! Les jeunes sont donc plus motivés et plus satisfaits de leur engagement que la moyenne. Pour mieux comprendre, voici un article qui tente d’expliquer les particularités de l’engagement des jeunes, en particulier des étudiants.
La solidarité, au coeur de l’action des bénévoles
Quand il est demandé aux bénévoles de dire quelles sont les valeurs qui les animent, ils mettent en avant la tolérance et la famille. Mais en premier lieu, c’est la solidarité qui est au cœur de leur engagement. Ainsi, cette étude nous montre que, même si l’on ne peut parler de métamorphose complète, il y a un changement dans le paysage français de l’engagement bénévole, dans lequel plus de personnes s’engagent, animées par la recherche de l’épanouissement personnel à travers l’engagement, guidées par les valeurs de solidarité et de tolérance. Edgar Morin, dans un ouvrage de 2007(2), nous apporte une belle idée par laquelle nous pourrons conclure cet article :
« Qu’est-ce qu’une métamorphose ? C’est une transformation où l’être s’autodétruit et s’autoconstruit de façon nouvelle, à l’instar de la chenille qui devient papillon afin de voler. L’espérance est dans cette métamorphose vers laquelle vont confluer des courants qui parfois s’ignorent, tels l’économie solidaire, le commerce équitable, la réforme de vie. De partout, à la base, les solidarités s’éveillent. »
(1) Enquête IFOP, 2013
(2): L’An I de l’ère écologique; Tallandier, 2007