- les deux cultures du capitalisme, très bien analysées dès le XIX° siècle par Max Weber, et les rapports à l’argent : culture catholique contre culture protestante ;
- la place tout à fait particulière de l’Etat ayant en quelque sorte le monopole de l’intérêt général, tant sur le dire que sur le faire.
Du coup, jusqu’aux années 1980, la position est claire chez les chefs d’entreprise: « Nous payons des impôts, c’est à l’Etat de mettre en œuvre les actions d’intérêt général !». Ce point de vue est d’ailleurs totalement partagé par les organisations syndicales et l’opinion publique française qui considèrent que l’intérêt général est de la responsabilité de l’Etat (« L’Etat Providence »). Si des salariés ont des engagements associatifs, ceux-ci relèvent strictement de la sphère privée. Deux formes d’implication : Au début des années 2000, plusieurs phénomènes accélèrent l’implication des entreprises françaises dans des actions d’intérêt général, et par voie de conséquence leurs relations avec le Monde associatif :
- l’internationalisation des grands groupes et l’influence des modèles étrangers (modèle rhénan et modèle anglo-saxon),
- le développement des fondations d’entreprises, fréquent support de cette implication externe, là aussi à partir des modèles étrangers (USA, Allemagne,…) ;
- la loi du 1 Août 2003, dite « Loi Alliagon », sur le mécénat, autorisant de larges possibilités de déductions fiscales pour les actions de mécénat, non seulement le mécénat de nature financière à l’égard de l’art et de la culture, mais également le « mécénat de compétences », c’est-à-dire la mise à disposition de salariés pour des actions d’intérêt général.
C’est à partir de cette loi que sont distinguées deux formes d’implication des salariés dans ces actions :
- « le mécénat de compétences », où le temps d’implication est pris sur le temps de travail et où, en théorie, l’entreprise peut déduire les coûts correspondants de ses bénéfices, même si dans la pratique beaucoup d’entreprises ne le font pas en raison d’une méconnaissance de la loi et surtout en raison de la nécessité de place des dispositifs comptables « ad hoc » ;
- « le bénévolat de compétences », par distinction de la forme précédente, même si l’expression n’est pas totalement satisfaisante, où l’implication des salariés se fait sur l’impulsion de leur employeur mais hors temps de travail (Pour mémoire, n’est pas pris en compte dans cette analyse, l’engagement associatif des salariés dans leur sphère strictement privée, qui constitue de très loin la forme la plus importante de l’engagement des salariés).
Une étude est menée en 2005 par Octavie Baculard avec l’appui de France Bénévolat. Elle révèle à la fois :
- une accélération importante du phénomène d’implication des entreprises et du nombre d’entreprises impliquées dans des actions d’intérêt général,
- une ouverture plus grande des entreprises à l’égard des associations, voire une recherche ciblée d’associations, dont les activités répondent aux champs d’actions visés par les politiques d’entreprises et dont les missions correspondent aux disponibilités et aux compétences des salariés.
Au sein de problématiques pas encore stabilisées et d’actions dispersées-mêlant Responsabilité Sociale d’Entreprise (RSE), développement durable et implication territoriale- on peut considérer que nous sommes maintenant entrés dans un mouvement irréversible. Il reste à le rendre plus lisible et à mettre en place des ingénieries d’interface, entre entreprises, salariés volontaires et associations, toujours personnalisées, en quelque sorte « cousu main ».
Dominique Thierry, Vice-président National de France Bénévolat