Lors de la 6ème édition du Forum National des Associations et Fondations 2011, le Rameau et le CIDES (Chorum Initiatives pour le Développement de l’Economie sociale) ont animé un atelier sur les partenariats association-entreprise, dont voici les principaux éléments.
Etats des lieux des partenariats entreprises-associations
La volonté de créer un partenariat avec une association est présente dans le monde de l’entreprise, et pas seulement chez les plus grandes. Selon les intervenants, 33% des entreprises souhaitent créer un partenariat dans les années qui viennent. Parallèlement, 46% des associations ont déjà développé un partenariat avec des entreprises.
Selon la taille des entreprises, on note une segmentation des associations visées : à moins de 20 salariés, la volonté de partenariat est locale et s’oriente vers le sport et la jeunesse ; de 20 à 49 salariés, les entreprises souhaitent agir dans la culture et la société ; entre 50 et 1000 salariés, les entreprises souhaitent collaborer dans les domaines de l’insertion professionnelle et de la lutte contre la précarité, et au-delà de 1000 salariés, les entreprises sont intéressées par la solidarité internationale.
Pourquoi cette volonté de partenariat ?
Les motivations principales de cette volonté de partenariats sont variées. C’est pour les associations un moyen d’avoir accès à de nouvelles ressources, qu’elles soient financières ou de compétences (pro bono). Cela leur offre aussi l’opportunité d’utiliser de nouveaux réseaux et canaux de communication. Les partenariats leur permettent également d’avoir la possibilité d’innover. Par exemple, l’ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Economique) , une habituée des partenariats avec des organismes bancaires, a fait évoluer sa politique de partenariat selon ses projets, en complétant son action de financement par de l’accompagnement des entrepreneurs, intégrant ainsi des compétences complémentaires.
Côté entreprises, comme l’a montré l’article « Les bénéfices du pro bono pour l’entreprise : les clés pour convaincre en interne », les avantages sont également nombreux : motivation interne, dialogue privilégié avec les parties prenantes du territoire, performance accrue (baisse des coûts avec l’instauration de moins de gaspillage par exemple) et innovation. Les partenariats, s’ils sont bien pensés, sont créés dans une optique « gagnant-gagnant ». Les projets pro bono, en souhaitant augmenter la professionnalisation des associations et l’engagement citoyen dans les entreprises, reflètent cette ambition.
Comment définir la politique de partenariat ?
Les modalités du partenariat doivent être clairement circonscrites. Les tenants de cette relation doivent s’interroger sur le bilan pour les bénéficiaires et pour le bien commun. Avant tout, il faut définir des objectifs respectifs, réfléchir aux ressources nécessaires et ainsi clarifier les besoins : sont-ils structurels, financiers ? Dans son partenariat avec le Crédit Foncier, Solidarités Nouvelles pour le Logement a bénéficié d’un partenariat de mécénat de compétence sur l’expertise immobilière, mais de professionnel à professionnel, ce qui signifie d’égal à égal. Les deux parties s’en sont assuré avant de débuter le partenariat. Les rôles doivent donc être clairement définis. Or, 80% des partenariats actuels ne mentionnent pas l’objectif de bien commun d’après les intervenants.
Il existe 4 angles d’approche, et une totale confusion en France sur les partenariats entreprises-associations : de mécénat , qui est le plus important aujourd’hui, qu’il soit de compétence ou financier ; de pratiques responsables, où l’association apporte son aide à l’entreprise sur une thématique dont elle est experte, par exemple sur des attitudes éco responsables ou la gestion du handicap (comme la Halde) ; de coopération économique , ou développement de relations de co-construction dans les pays du Sud (la France est en retard dans ce domaine), et enfin d’innovation sociétale, où l’association se positionne sur un secteur d’innovation et offre la possibilité d’industrialiser des solutions pérennes aux défis de société, comme le montre l’organisme associatif Siel Bleu qui vend ses prestations à des établissements de retraités par exemple.
On ne s’adresse pas de la même manière à tout le monde. La taille, le nombre de salariés, l’ancrage territorial sont des éléments à prendre en compte pour tout partenariat. Se pose également la question de la manière dont on doit négocier le contenu du partenariat, ou encore évaluer l’impact du projet, quand et sur quoi les partenaires peuvent communiquer… Être partenaire, c’est se mettre d’accord.
Aujourd’hui, le mécénat des entreprises représente en France 2 milliards d’euros. Les entreprises ne sont pas forcément en mesure de compenser le désengagement des pouvoirs publics, mais représentent un important levier d’action. La nature même du partenariat est donc une question stratégique pour les futurs partenaires.
(Crédits photos : Driss Hadria)