Aujourd’hui, en France, 75% des ménages sont connectés à internet mais ce pourcentage est divisé par 2 pour les foyers à revenus modestes.

Stéphanie Lazaroo, Responsable du programme « Orange Solidarité Numérique »
Face à ce constat, la Fondation Orange lance, fin 2010, le programme « Orange Solidarité Numérique » pour rendre le monde plus accessible et permettre une meilleure autonomie à ces personnes fragilisées. Pour le découvrir, nous avons rencontré Stéphanie Lazaroo, Responsable du programme « Orange Solidarité Numérique ». Stéphanie, fidèle au groupe depuis une vingtaine d’années, a évolué à différents postes : du contrôle de gestion au mécénat – aujourd’hui – en passant par la communication corporate.
Tout d’abord, que fait la fondation Orange ?
SL : La Fondation Orange existe depuis 1987. Présente dans plus de 30 pays, elle se mobilise autour de quatre grands domaines : la santé avec un engagement depuis plus de 20 ans à la cause de l’autisme, la culture, l’éducation et l’insertion sociale et professionnelle.
Elle a lancé fin 2010 un axe sur le numérique car nous avons la conviction que c’est un levier fort de développement, qui doit faciliter la création de lien social et renforcer la solidarité entre les personnes. De part son histoire, le sens de l’intérêt général est très présent dans notre culture d’entreprise.
Comment impliquez-vous les salariés dans les actions de la Fondation ?
SL : Nos salariés peuvent s’impliquer de différentes manières en tant que bénévoles (i-e : en dehors de leur temps de travail), ils peuvent par exemple :
– Accompagner des enfants souffrant d’autisme à travers l’association VA (volontaires pour les personnes avec autisme), association qui fête ses 20 ans en 2012.
– Parrainer des projets en France et à l’international dans lesquels ils sont impliqués. Plus de 200 projets ont été soutenus l’an dernier, autour du lien social, de la culture et la santé.
– Animer des ateliers « Orange Solidarité Numérique » dont le but est d’accompagner les bénéficiaires d’associations dans leur apprentissage des usages numériques.
La Fondation propose également aux salariés en préretraite de faire du mécénat de compétences. Ainsi, fin 2011, près de 100 salariés ont travaillé à mi-temps pour des associations de leur choix.
Comment fonctionne le programme « Orange Solidarité Numérique ?
SL : L’objectif du programme est de contribuer à réduire les inégalités face aux usages numériques.
Il s’articule autour de 2 actions :
– La mise en place d’ateliers auprès d’associations pour accompagner leurs bénéficiaires dans la pratique numérique
– Le financement de projets innovants où le numérique participe à l’autonomie, l’insertion sociale et professionnelle de personnes isolées.
En 2011 sur 169 projets déposés, 66 projets ont été soutenus par la Fondation Orange.
Concernant les Ateliers Orange solidarité numérique, leur contenu est élaboré par les salariés eux-mêmes et enrichi au fil des échanges avec les bénéficiaires. Les ateliers ont lieu dans des salles de formation de l’entreprise (200 salles équipées sur tout le territoire en France) ou in situ, le soir entre 18h et 20h. Deux bénévoles, minimum, assurent l’atelier, chaque bénéficiaire a un ordinateur (10 en moyenne par atelier) et reçoit un certificat d’aptitude numérique à la fin de chaque module. En 2011, les bénévoles ont animés plus de 500 ateliers sur tout le territoire, comme cet atelier organisé à Narbonne (lien vers la vidéo).
Quelles sont les associations avec qui vous avez déjà mis en place des ateliers numériques ?
SL : Nous avons lancé des ateliers avec les grands réseaux : Secours populaire Français, le Secours Catholique, la Croix Rouge, Force Femmes, Habitat et Humanis, Unis-Cités, Emmaüs, Fondation Agir contre l’Exclusion…mais aussi beaucoup d’associations de proximité sur tout le territoire.
Pouvez-vous nous citer des exemples d’actions réalisées grâce aux ateliers numériques ?
SL : C’est extrêmement vaste ! Nous avons accompagné un réfugié politique à se créer une adresse email, ce qui lui a permis de retrouver le contact avec sa famille, une femme de 50 ans en recherche d’emploi à se perfectionner sur PowerPoint, et Laïd, 48 ans, qui n’avait jamais touché un ordinateur de sa vie et qui a appris à rédiger un CV, une lettre de motivation et rechercher des informations sur Internet, à raison de 4 séances de 2 heures pendant un mois… Au-delà de la montée en compétences sur les usages numériques, ces ateliers valorisent et redonnent confiance aux bénéficiaires.
Que retirent le salarié et l’entreprise de ces actions de bénévolat ?
SL : Tout d’abord, les bénéficiaires et les responsables d’associations sont toujours impressionnés par l’implication et la qualité d’écoute des bénévoles. D’ailleurs, à la fin de sa formation, Laïd nous a confié : « que tous les participants auraient aimé continuer cette formation. On a tellement appris ! » Pour les salariés, je pense que leur sensation d’avoir été utile et le fait qu’ils s’échangent les « bonnes pratiques », renforcent les liens entre eux et aussi le sentiment d’appartenance à l’entreprise.
Un salarié, l’exprime d’ailleurs clairement : « cet investissement ouvre aux autres, nourrit le métier et les relations au sein même de l’entreprise. On découvre un monde différent, on voit ses propres collègues autrement, on se sent utile. C’est positif pour tout le monde !».
Un autre bénévole ajoute : « Au départ il ne s’agissait que de participer à un projet collectif mais j’aime les valeurs qu’il véhicule : le partage, la tolérance, la mixité et l’approche des différences. C’est une belle aventure humaine. »
Le meilleur retour a été d’entendre: « nous sommes contents et fiers de transmettre ce que l’entreprise nous a donné»… la boucle est bouclée !
Au regard de ce que vous venez de dire, vous partagez, j’imagine, la formule de Michel Serres :
Donnez des tâches aux gens, vous en ferez des tâcherons;
Donnez leurs des missions, vous en ferez des missionnaires » ?
SL : Ah oui, tout à fait ! C’est exactement ça, remettez du sens au cœur des métiers, des actions d’une entreprise et vous récolterez la motivation des salariés. C’est une véritable source de cohésion !
Et quels sont les développements pour les ateliers numériques, demain ?
SL : Les ateliers numériques existent déjà dans les principales villes de France mais nous souhaitons élargir à d’autres territoires Nous avons donc mis en place une « mallette mobile » avec 5 ordinateurs et un boitier « Domino en 3G » permettant au bénévole de mener les ateliers dans les locaux de l’association ou de salles municipales par exemple. Nous étudions aussi la possibilité d’ateliers en journée…
Vous pouvez suivre les actions de la Fondation Orange sur twitter @FondationOrange et Facebook facebook.com/fondationorange
Pour en savoir plus sur le programme « Orange Solidarité Numérique » : la vidéo et le billet de Jean Michel Billaut
Pour aller plus loin : L’essor des fondations d’entreprise en France