5 compétences développées par les bénévoles associatifs

Les associations sont bien des lieux qualifiants, parfois plus que les situations de travail plus classiques, parfois très déqualifiantes. Il convient que le Monde Associatif en soit conscient, sans complexe, et sache mieux décrire ses activités, et par voie de conséquence les compétences associées. »  Dominique Thierry, Vice-Président de France Bénévolat.

Si l’expérience associative est propice à l’apprentissage non-formel et informel, de quelles compétences facilite-t-elle le développement ? Fondée sur une note rédigée par D. Thierry en 2007 Les associations, lieux de qualification et de développement des compétences, cette liste synthétique s’attache à illustrer l’essentiel de la contribution des associations à la formation des individus. Pour cela, cinq compétences ont été sélectionnées. Elles sont propres au secteur associatif au sens où l’entreprise est moins propice à les développer, et pourtant elles constituent de considérables leviers de performance. Cette liste est le « plus petit dénominateur commun » : il convient donc de garder en tête la multiplicité des expériences associatives, et donc la difficulté à généraliser la nature des acquis de l’expérience bénévole.

1. L’innovation, la créativité : les associations sont à l’écoute des besoins sociaux émergents ou persistants et innovent pour répondre à cette demande qu’aucune offre publique ou privée n’a réussi à combler. Les entreprises se sont emparées de nombreuses solutions expérimentées par les associations (services à la personne, accompagnement de demandeurs d’emploi, formation, etc.)

2. Le travail en équipe, la collaboration : le fonctionnement d’une association est par nature collectif. Le plus souvent, on est amené à collaborer en permanence avec des personnes aux statuts bien différents (salariés, bénévoles de terrain, bénévoles élus, volontaires, partenaires, etc.) et les décisions sont prises de manière collégiale. Toutes les associations ne sont pas des exemples de démocratie participative, mais on remarque que celles qui ne jouent pas le jeu ont naturellement tendance à décliner car elles ne parviennent plus à fédérer autour du projet.

3. Animation des équipes de bénévoles sans hiérarchie : animer des bénévoles qui par nature ne sont pas liés à l’association par un contrat de subordination est également une compétence spécifique très prisée par l’entreprise. Les bénévoles ont des attentes et des contraintes fortes que l’animateur doit prendre en compte. Il se doit d’investir dans la qualité de la relation, nécessairement équilibrée, transparente et basée sur le libre contrat.

4. L’efficacité dans des organisations « floues » : les associations n’ont pas toujours un mode de fonctionnement et des procédures stabilisées, ce qui peut paraître déroutant pour un salarié d’une grande organisation. Pourtant, on est souvent surpris de la réactivité et de la flexibilité des associations : des capacités d’adaptation similaires à celle d’une petite entreprise et enviées des grandes structures.

5. L’optimisation des moyens et la maîtrise de l’efficience : si l’entreprise est résolument très efficace, au sens où elle parvient à atteindre des objectifs définis et où elle est notamment capable d’industrialiser des solutions commerciales, l’association est bien plus efficiente : elle minimise systématiquement l’utilisation de ses ressources pour atteindre un objectif donné. Cette capacité est intéressante pour l’entreprise dans une double logique de réduction des coûts et de réduction des externalités négatives liées à la production.

En 2009, un groupe de travail sur la valorisation du bénévolat, coordonné par la DJEPVA1 et animé par Jean Bastide, Président de France Bénévolat, a mis au point un référentiel complet des compétences non-techniques spécifiquement développées dans le secteur associatif, et mobilisables dans le monde du travail. D’après ce groupe de travail, les compétences particulièrement développées chez les cadres associatifs sont notamment la gestion de projet, la mobilisation d’équipes, l’attention portée à l’autre, l’accompagnement des personnes, le fonctionnement des instances, et la gestion rigoureuse des ressources humaines et matérielles.

Ce qui fait l’originalité de l’expérience bénévole dans le cadre associatif, c’est l’approche collective des questions et des problèmes à résoudre, la pratique du débat, l’engagement d’une responsabilité partagée. » La Fonda (2004), La VAE bénévole, une chance pour les associations, une chance pour la reconnaissance sociale et professionnelle des militants associatifs ?

S’il est très probable que, comme le suggère Jean Bastide, ces compétences dites « hors normes » (Fonda, 2004) deviennent très précieuses pour les employeurs privés et publics qui ont besoin « de mobiliser des ressources humaines et sociales relationnelles, militantes, innovantes et transversales, pour faire face aux nouveaux défis qu’ils doivent relever », il n’en reste pas moins que l’étape inachevée reste celle de la valorisation et de la validation des compétences, toutes deux largement sous-utilisées.

Alors que 36% des actifs affirment utiliser régulièrement au travail des compétences acquises lors de leur activité bénévole (France Bénévolat, 2012), l’entreprise peut-elle ignorer longtemps les acquis de l’expérience de ses salariés dont elle jouit indirectement ?

1 : La direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative.

2 Comments on "5 compétences développées par les bénévoles associatifs"
  1. DAWO 13 février 2015 à 6 h 37 min · Répondre

    Un référentiel du “savoir-agir“ et 39 compétences développées dans l’action bénévole…

    Comment les valoriser ? comme le mentionne cet article « l’étape inachevée reste celle de la valorisation et de la validation des compétences, toutes deux largement sous-utilisées“ .

    Une valorisation agile qui n’ ajoute pas une nouvelle certification mais qui permet une prise de conscience par les différents acteurs de ces compétences et donne les clés pour un réinvestissement de ces compétences hors de la sphère associative.

    Un outil non pas pour évaluer la compétences mais un outil pour évaluer sa fréquence de mise en oeuvre…parce que les compétences du “savoir-agir“ se développent dans l’action !

  2. Passeport Bénévole 6 mars 2015 à 9 h 42 min · Répondre

    Le « Passeport Bénévole » est un outil concret et reconnu pour aider à identifier et valoriser les compétences utilisées lors d’actions bénévoles. Il existe depuis presque 10 ans !

    Il contient d’ailleurs un résumé du référentiel des compétences présenté dans le très bon article ci-dessus.

    Plus d’infos : http://www.passeport-benevole.org/

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