La professionnalisation des acteurs des associations, dirigeants et salariés


le 27 mai 2015 dans Accompagnement des associations, Associations - No comments

Au sein d’une association, les fonctions dirigeantes bénévoles possèdent un rôle clé dans le développement de la structure, ce qui les incite à maîtriser de plus de plus de compétences propres à la gestion de l’association, dans un contexte institutionnel et social exigeant. Le recours au salariat associatif est lui aussi une forme de professionnalisation qui se développe au sein des associations. Cette professionnalisation des acteurs associatif est un deuxième volet qui vient compléter les dynamiques d’optimisation d’organisation, de mutualisation et de gestion des ressources.

La professionnalisation des fonctions dirigeantes pour répondre à des besoins accrus en compétences

AmpoulesLes décisions et l’orientation de l’association sont généralement prises par le Conseil d’Administration et le Bureau, composés de 3 à 20 bénévoles élus par l’Assemblée Générale. Ils sont les garants des valeurs de l’association en tant que membres de la gouvernance. Représentants légaux, dans beaucoup d’associations ils se partagent historiquement les responsabilités administratives et de comptabilité.

Depuis quelques années, on observe une montée en exigence en termes de compétences concernant les fonctions dirigeantes. En effet, le cadre réglementaire des associations a tendance à se rigidifier, particulièrement avec leur rôle grandissant dans l’économie française qui dépasse aujourd’hui 5% du PIB. Dès la création d’une association, des connaissances juridiques sont ainsi nécessaires pour établir des statuts correspondants au mieux à la volonté d’action, puis pour continuer les activités dans ce cadre. Lors du développement, ce sont des notions de gestion et de comptabilité qui sont recherchées pour assurer le fonctionnement de l’association, d’autant plus dans un contexte de réduction des moyens qui augmente les contraintes budgétaires. Plus encore, des compétences stratégiques deviennent incontournables dans un domaine où les structures ont tendance à entrer en concurrence lorsqu’elles croissent, tant dans la recherche de partenaires financiers que par l’entrée des associations dans l’économie marchande. Par conséquent, le renouvellement des bénévoles est le deuxième facteur de fragilité identifié par Viviane Tchernonog et Jean-Pierre Vercamer dans leur enquête [1].  En effet, la variété de compétences aujourd’hui nécessaires et leur niveau d’exigence a tendance à dépasser l’engagement dont les bénévoles sont capables pour une association, et les dirigeants associatifs sont confrontés à de réels défis.

Le rôle de dirigeants d’association est donc bien plus qu’une simple représentation légale. C’est un engagement considérable nécessitant des compétences propres à la gestion d’une structure. Les membres de la gouvernance doivent aujourd’hui développer leurs capacités professionnelles pour maintenir et participer à l’évolution et à la professionnalisation de leur association.

Le salariat associatif, une solution pour faire face à un environnement qui change

Depuis les années 2000, le salariat associatif connaît une croissance moyenne de 2,5% [2]. Les associations étant de plus en plus actives, ce recours au salariat est en partie lié à l’augmentation des charges administratives ainsi qu’à la coordination des activités, qui nécessitent toutes deux une certaine disponibilité que n’ont pas toujours les bénévoles.

BrainstormPar ailleurs, le recours à l’emploi répond aussi à une logique de professionnalisation des associations qui souhaitent garantir la qualité de leur service, particulièrement lors du développement d’une activité économique. En effet, certaines associations souhaitent s’insérer dans l’économie française comme une économie alternative, où elles seraient capables de répondre à la demande du marché tout en respectant les valeurs de solidarité et le principe de lucrativité limitée. Les Jardins du Prado [3], par exemple, développent une activité de traiteur pour soutenir leur activité de chantier d’insertion dans l’agriculture biologique. Ils s’obligent alors à respecter les normes professionnelles [4] de qualité, de fiabilité et de régularité du service, pour lesquelles le recours à des professionnels qualifiés et donc rémunérés devient inévitable. Enfin, la hausse des délégations publiques contribue à l’augmentation de l’emploi associatif, puisque les associations délégataires deviennent détentrices d’un service public qui nécessite un accès au public continu : elles donc financées pour assurer ces permanences.

Les acteurs des associations se professionnalisent : la professionnalisation des fonctions dirigeantes est une réponse à de réels enjeux de gestion. Le développement du salariat associatif est lui aussi source de professionnalisation des associations, dans une volonté de proposer un service de qualité en cohérence avec les valeurs de l’économie sociale et solidaire. Cependant, ce phénomène de professionnalisation soulève plusieurs questions, qui feront l’objet d’un prochain article. Et vous, qu’en pensez-vous ?

[1] V. Tchernonog et J.-P. Vercamer, Trajectoire associatives, enquête sur les facteurs de fragilités des associations, CNRS, mars 2006
[2] V. Tchernonog, Le paysage associatif français – mesures et évolutions, Juris éditions, 2013
[3] www.lesjardinsduprado.fr
[4] Pascal Ughetto et Marie-Christine Combes, Entre les valeurs associatives et la professionnalisation : le travail, un chaînon manquant ?, Socio-logos n°5, 2010

 

probonolabDomitille Chauvin Droz, chargée d’accompagnement Rhône-Alpes chez Pro Bono Lab

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