Le bénévolat est le fondement du mouvement associatif. Sur les 1 300 000 associations actives en France, 86% sont animées exclusivement par des bénévoles (1). Les associations employeuses font aussi appel à des bénévoles qui contribuent à les faire vivre collectivement.
Le nombre de Français bénévoles est passé, de 2010 à 2013, de 18 300 000 à 20 900 000 (2), le bénévolat associatif sur la même période de 11 300 000 à 12 700 000. Au-delà de ces chiffres très significatifs, un examen détaillé montre une évolution du mode d’engagement des Français dans les associations. Le nombre de bénévoles qui s’engagent quelques heures chaque semaine, ou plus d’un jour par semaine est en régression de 6 200 000 à 5 400 000 (2), soit une baisse de 13% sur la même période, alors que le bénévolat plus ponctuel (au cours d’un évènement annuel, ou quelques heures par mois tout au long de l’année), est passé de 5 100 000 à 7 200 000 (2), soit un bond de 41%.
Les modalités d’engagement traversent une mutation d’autant plus forte que la nature même du bénévolat a changé en l’espace d’une génération. Du devoir, sous couvert d’altruisme, on est passé à une forme privilégiée de la réalisation de soi avec l’avènement d’un individualisme rationnel, ou un « altruisme d’intérêt » comme le définit le sociologue Tanguy Chatel. Ce changement semble profond et durable.
Dans cette redéfinition des rôles de chacun est apparu, au début des années 2000, le principe de bénévolat de compétences.
Le bénévolat de compétences : pour en finir avec les définitions erronées
Il n’existe ni définition juridique ni définition unanimement reconnue du Bénévolat de Compétences mais il semble couramment admis aujourd’hui qu’il consiste à mettre gratuitement un savoir-faire à la disposition d’associations, en dehors de son temps professionnel. Cette démarche est initiée par le bénévole lui-même. Il se distingue ainsi du Mécénat de Compétences, démarche initiée par l’entreprise, qui consiste à mettre à la disposition des associations les compétences de ses salariés, sur leur temps de travail.
Il se distingue également du volontariat par son absence de statut légal et d’indemnité.
Enfin, contrairement à ce qu’on a souvent l’habitude de lire, il ne se différencie pas du bénévolat traditionnel par le fait qu’il soit la mise en œuvre d’une compétence car le bénévolat traditionnel regorge d’exemples de personnes utilisant leurs talents au service d’association. Il se différencie par le fait que la mise en œuvre de cette compétence est la porte d’entrée vers l’engagement associatif et le mode d’interpellation utilisé par l’association pour mobiliser le bénévole. Là où un bénévole traditionnel s’engage principalement par sensibilité à une cause, pour être utile, et par sa disponibilité en temps (3), le bénévole de compétences s’engage d’abord parce qu’on est venu lui demander de mettre en œuvre son talent au service d’une cause (4). Cette dernière reste malgré tout importante dans l’acte d’engagement.
Une diversité des profils qui fait la richesse du bénévolat de compétences
Il est évident aujourd’hui que le bénévolat de compétences n’est pas réservé à une élite ou à une caste particulière. Il interpelle tout un chacun sur ses propres richesses et attire aussi bien des étudiants que des salariés, des retraités, des chercheurs d’emplois, des personnes en activité professionnelles, en reconversion… qui viennent apporter des compétences professionnelles précises, un talent artistique, une compétence linguistique, une passion, voire de plus en plus ce qu’on appelle des « soft skills », un certain savoir-être, une capacité d’attention à l’autre, une prédisposition à l’écoute, au travail collaboratif. Les expériences vécues sont par ailleurs de plus en plus souvent mises en avant dans leurs CV comme une expérience importante, voire une expérience professionnelle.
Enfin, il est important de noter que cette forme d’engagement n’est pas exclusive des autres : un bénévole de compétences peut être par ailleurs un bénévole traditionnel dans une autre organisation, administrateur dans une troisième, salarié dans une autre.
(1) Le paysage associatif, 2012, Viviane Tchernonog
(2) La situation du bénévolat en France en 2013- France Bénévolat-IFOP- Recherches et Solidarités
(3) Recherche et Solidarités
(4) Etudes internes Passerelles et Compétences
Patrick Bertrand, Président-Fondateur de Passerelles et Compétences
Gilles Arbellot, Délégué Général adjoint
