L’engouement des associations pour le bénévolat de compétences


le 5 mai 2015 dans Bénévolat de compétences, Les tendances - No comments

Il n’existe pas de données chiffrées exhaustives sur le bénévolat de compétences. Mise en évidence au début des années 2000 par des organisations telles que Passerelles et Compétences (5), cette nouvelle forme de bénévolat connait un fort engouement depuis le tournant des années 2010 avec l’apparition de structures telles que Pro Bono Lab, BetoBe, Talents et Foi (6) sans parler des nombreuses plateformes internet qui naissent chaque jour pour mettre en relation des organisations ayant besoin de talents et des personnes désireuses, dans cette nouvelle ère collaborative, d’apporter leur compétences.

Passerelles et Compétences revendique aujourd’hui un vivier de 5000 bénévoles ayant réalisé plus de 2200 missions pour 1300 associations, Pro Bono Lab a réalisé 220 Missions Probono en mobilisant 2000 bénévoles ou salariés mis à disposition… Ces structures connaissent un fort développement, tant côté bénévole que côté association.

Le bénévolat de compétences : un développement dans l’ère du temps

Le repli de l’Etat Providence et des services publics génèrent de nouveaux besoins sociétaux dont les associations s’emparent avec courage, mais que leurs ressources limitées ne permettent souvent pas d’assumer totalement. De plus, elles sont tenues par leurs bailleurs et donateurs de justifier de l’efficacité de leurs méthodes de gestion, de tirer parti des nouvelles technologies, d’optimiser leur communication ou encore de prouver leur capacité à travailler en réseau et à collaborer.

réunion caféTant de nouvelles ressources humaines nécessaires pour atteindre ces objectifs et auxquelles la plupart des associations n’ont pas la possibilité financière d’accéder. Le bénévolat de compétences répond en partie à cette problématique puisqu’il permet aux associations d’accéder aux talents divers à un coût quasi nul voire même nul.

A très juste raison, les associations sont soucieuses de préserver l’emploi dans leurs organisations tout en répondant à leur objet social. Le bénévolat de compétences leur permet de résoudre cette équation impossible : faire mieux avec autant. Elles trouvent là un soutien efficace au travail de leurs salariés et de leurs équipes bénévoles, renforçant et sécurisant tous les acteurs de son projet : rassurer un bureau lors du recrutement d’un délégué général, choisir le meilleur prestataire de services pour une mission donnée, identifier les risques juridiques liés à l’action, savoir interpeller les pouvoirs publics sur l’importance de sa mission, trouver une photographe capable d’illustrer un livre, sont autant d’exemples où l’intervention d’un professionnel peut aider une association à ne pas faire le faux pas qui mettrait en péril son action.

Le choix de missions ponctuelles permet une adaptation fine aux différents contextes sans heurter les bénévoles permanents qui pourraient voir là une remise en cause de leur apport. De plus ce type de mission permet à l’association d’avoir accès aux compétences des actifs, population de plus en plus en recherche de sens mais dont la disponibilité ne permet pas un engagement régulier. D’une façon générale, le bénévolat de compétences contribue au développement et à la pérennisation des actions et des emplois dans les structures associatives.

Autre bénéfice soulevé par les associations, la capitalisation. Chez Passerelles et Compétences, 70% des bénévoles ayant effectué une mission de bénévolat de compétences continuent de s’investir au sein de la même association, au-delà de la mission de départ. Le bénévolat de compétences est donc un moyen de renforcer ses ressources humaines à moyen terme et de préparer la relève des dirigeants. Enfin, montrer à ses partenaires qu’on sait s’entourer d’experts compétents peut devenir un critère déterminant pour obtenir la confiance d’un financeur, surtout privé.

Le bénévolat de compétences : une innovation sociale

post-it-notesDevant la raréfaction des ressources financières et l’amplification des besoins, il est primordial de développer des solutions socialement innovantes. Dans ce contexte, il est indispensable de ne pas instrumentaliser le bénévolat de compétences. Ce n’est pas un substitut gratuit à un prestataire ou à un salarié, pour associations désargentées. C’est un moyen de fédérer de nouvelles ressources humaines nécessaires à moyen terme pour le développement du projet de l’association. Il doit donc être perçu, avant de le mettre en œuvre, comme un pilier central du développement futur de l’organisation qui veut y faire appel.

Le Bénévolat de Compétences est une Innovation Sociale majeure, dont le potentiel est très loin d’avoir été seulement entraperçu. Evidemment, il n’est pas non plus LA solution pour répondre aux enjeux du secteur associatif, mais il en est un des maillons essentiels. Il peut permettre de mobiliser de nombreux citoyens aujourd’hui peu présents dans les associations en leur proposant une action concrète. Bon nombre de compétences restent encore peu mobilisées à ce jour par les associations : traduction, graphisme, nouvelles technologies de l’information, artisanats, etc. Et si des actions collectives ou encore des interventions à distance commencent cependant à apparaître, elles demeurent encore trop marginales …

Un immense continent du bénévolat de compétences est donc encore à explorer pour permettre aux associations de répondre positivement et avec enthousiasme aux attentes de la société de demain.

A nous d’être les nouveaux Magellans….

(5) www.passerellesetcompetences.org
(6) www.probonolab.org, www.betobe.org, www.talentsetfoi.org

LogoPasserellesEtCompétences_208x112Patrick Bertrand, Président-Fondateur de Passerelles et Compétences
Gilles Arbelot, Délégué Général adjoint

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