L’organisation des associations dans les Grandes Ecoles


le 23 juin 2011 dans Accompagnement des associations, Associations, Génération Y, Ressources Humaines - No comments

La manière dont les associations florissent sur les campus diffère beaucoup selon les établissements. On distingue des caractéristiques récurrentes, notamment la présence du Bureau des Elèves (BDE) et de la Junior Entreprise (JE) qui font généralement partie des associations les plus conséquentes.

La gouvernance des associations se transmet généralement à fréquence annuelle, selon le mode de la cooptation ou de l’élection : on parle alors de « listes », qui constituent à elles seules des groupes dont l’activité a souvent une influence importante au sein des écoles. Néanmoins le rapport entre le nombre d’associations et le nombre d’élèves par promotion ainsi que la répartition des activités de bénévolat étudiant varient fortement selon les établissements. Certaines grandes écoles comme l’EDHEC ont une culture associative ancienne favorisant un nombre faible de grandes associations aux budgets importants, d’autres comme Supélec ou l’ESCP possèdent une ou des associations phares à l’influence prépondérante qui ne sont ni BDE ni JE, tandis que d’autres écoles accueillent une myriade d’associations de petites et moyennes tailles, avec un éventail d’activité plus large mais des projets de plus faible envergure. Cette organisation du secteur associatif au sein d’un campus n’est pas sans raisons ni conséquences.

Les raisons du développement d’un type de culture associative au sein d’un établissement peuvent être diverses. Entre autres, l’organisation spatiale et la situation géographique du campus de l’école – ou l’inexistence de celui-ci, et la présence de lieux réservés aux associations ou non jouent un rôle important. Dans la plupart des cas s’ajoutent des phénomènes culturels internes à l’école et parfois liés à l’origine sociale de ses élèves, qui orienteront l’action des associations de l’établissement. Par exemple, on voit peu d’associations de culture urbaine (musique hip-hop, graffiti…) dans les écoles les plus socialement sélectives. Il est à noter cependant que, particulièrement en Grande Ecole, la culture de l’établissement finit par primer sur la provenance des élèves. Ainsi une forte diversité des élèves au sein d’un établissement peut avoir pour effet de pousser au développement d’associations concentrées et en nombre réduit, qui développent finalement une unité de promotion ou de corps. L’absence de dénominateur commun entre les élèves pousse à se rassembler autour des valeurs de l’école, tandis qu’une grande proximité sociale dans une promotion favorisera des associations nombreuses et de plus petite envergure : il devient important de se différencier.

Si l’on s’intéresse maintenant aux effets de l’organisation des associations, ils sont multiples. Les premiers concernés sont les étudiants et leur établissement – voir « Motivations de l’engagement associatif étudiant ».

Dans le cas de petites associations en grand nombre, faiblement concentrées, on assiste à un phénomène « politique » très éclairant au sein du campus lors du renouvellement des bureaux. Les associations étant fragiles, un des premiers rôles du bureau est d’assurer la continuité de la structure. Cela signifie d’abord trouver une équipe pour l’année suivante alors que l’offre de sièges au sein des bureaux est abondante et la demande étudiante parfois limitée. Les élèves acceptent alors de siéger à plusieurs bureaux, réduisant finalement leur implication dans chacune des associations. Résultat, les associations sont gérées par des équipes très réduites – souvent, Président et Trésorier portent l’association à bout de bras.
L’effet bénéfique est qu’une équipe qui travaille ainsi à la survie d’une association profite d’une expérience forte en terme de prise de décision, de responsabilité, et de gestion de crise. Elle doit « tout faire elle-même », de la gestion des partenariats à la réalisation de son objet social, et bénéficie d’une expérience généraliste. Avoir des associations multiples au sein d’un campus permet donc d’exposer une frange élargie des élèves à une situation qui correspondrait à celle d’un manager voire d’un entrepreneur, c’est pourquoi certaines écoles reconnaissent la valeur pédagogique de l’engagement en validant des crédits ECTS pour les activités associatives.
En revanche, les projets menés sont d’une envergure plus faible, et surtout ils peuvent être caractérisés par un manque de rigueur latent : pour des enjeux mineurs la responsabilisation est totale, personne ne surveille réellement le travail d’étudiants esseulés et encore peu expérimentés. Cette opacité peut aller jusqu’à une gestion publique ou financière douteuse de l’association, ce qui constitue un risque pour l’établissement dont elle est issue. L’ambiguité est aussi entretenue par le mode de transmission par cooptation : les nouveaux leaders sont souvent choisis en fonction de leurs affinités avec le bureau précédent, et/ou de leur charisme et de leur capacité estimée à mobiliser l’année suivante pour entretenir le mouvement, donc moins sur la base de leur connaissance de l’activité de l’association ou de leur légitimité.

Dans le cas d’une concentration plus forte en un nombre réduit de grandes associations rassemblant des élèves nombreux, l’expérience pour les élèves est généralement plus « professionnelle ». Être chargé d’un pôle (Communication, Entreprises, Logistique, Qualité etc…) au sein d’une grande association étudiante permet d’avoir une expérience spécialisée et d’être confronté à une logique de « process » plus proche d’une activité salariée en entreprise. Cela permet de se familiariser avec le travail en équipe ainsi qu’avec des compétences techniques – logiciels, mailing… Les dirigeants de grandes associations entretiennent généralement des relations privilégiées avec l’administration de l’école. En plus de l’expérience managériale, cela leur permet de développent leurs compétences inter-personnelles et leur leadership tout en assurant un certain contrôle sur leur action pour l’établissement. Avoir un nombre réduit d’associations d’envergure permet d’avoir une visibilité accrue pour une Grande Ecole à travers des actions emblématiques.
Il y a cependant un obstacle à éviter pour l’établissement : à terme, la concentration finit par favoriser une culture de groupes plus ou moins fermés au sein de l’école, voire une sélection à l’entrée sur des critères parfois critiquables. Ces groupes peuvent être rivaux et finalement nuire à la cohésion entre les élèves – ce qui n’est pas le cas quand les élèves appartiennent tous à plusieurs associations. Les associations pérennes créent trop souvent une culture d’organisation qui n’est plus remise en question, car les promotions d’élèves se succèdent et s’inscrivent dans des traditions sur lesquelles ils n’ont pas ou très peu prise – notamment lorsque les « anciens » interviennent. Le développement du leadership des étudiants et de leur capacité à innover sont alors remis en question.

Il est tout à fait possible de trouver un équilibre, tant au niveau individuel pour l’étudiant qui choisit l’association dans laquelle il s’implique, que pour l’établissement qui doit choisir quelle action promouvoir. Encore faut-il connaître les enjeux !

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l’article sur ESP’R et celui sur Alter’Actions.

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