La gouvernance est un élément clé pour la survie des associations. Dans le contexte actuel où les changements internes sont liés aux évolutions politiques et économiques externes, les associations doivent réfléchir à quelle est la gouvernance la plus appropriée pour elles.
Nous avons pu assister à la conférence « Un nouveau schéma de la gouvernance dans le milieu associatif » au Forum National des Associations et Fondations, coordonnée par IN EXTENSO et avec la participation des experts de l’Agence du Don en Nature et de UNIOPSS. Lors du débat, les intervenants ont discuté des réponses à apporter aux besoins des associations relatifs à l’adaptation de leur gouvernance « pour faire face aux risques de mise en responsabilité et à la complexité de gestion des associations »[1].
« Les espèces qui survivent sont celles qui s’adapteront aux changements »[2]
Lors des dernières années, de profonds changements dans l’environnement des associations se sont produits : les sociétés ont changé et les demandes auxquelles les associations doivent répondre se sont transformées également; le système économique mondial de croissance est remis en cause et aujourd’hui l’importance de l’économie sociale et solidaire augmente; le financement public a diminué et les ressources et les moyens pour accéder à ce financement ont baissé.
Face à ces évolutions, les associations sont poussées à la professionnalisation et à la restructuration de leur fonctionnement interne.
Aujourd’hui, il existe une tendance aux regroupements des structures et à la mutualisation des moyens. En effet, principalement en raison des difficultés économiques de ces dernières années, plusieurs associations se sont mutualisées avec l’objectif de mettre conjointement en œuvre des activités fonctionnelles ou des activités de support. Pour ce faire et pour minimiser les risques, il est nécessaire que les dirigeants aient définis et accordés au préalable les dimensions politique, fiscale, financière et humaine du projet.
La professionnalisation du secteur est une autre transformation qui renvoie à la fois la structure interne et à la gestion des ressources humaines. L’association doit trouver des professionnels adéquats pour chaque domaine et établir clairement quels sont leurs rôles fonctionnels et leurs responsabilités dans l’organisation. La création d’un organigramme et la formalisation des obligations et des droits, des relations entre les membres, de la réglementation interne apparaît être une travail de première nécessité.
Quelle est la gouvernance adaptée?
Une bonne gouvernance est celle qui reflète les rôles de la pyramide inversée des organes de direction :
Le niveau le plus haut et le plus large de la pyramide correspond à la place de l’Assemblée Générale [AG] dont la tâche est de donner les grandes orientations (la politique générale et les directives) au Conseil d’Administration [CA]. L’AG a également des fonctions de contrôle. Au milieu de la pyramide, se trouve le Conseil d’Administration. Son rôle est de mettre en œuvre des directives générales et de contrôler l’exécution des actions. Enfin, dans le niveau le plus bas et le plus étroit de la pyramide se trouve le Bureau ou Comité qui exécute des actions définis par le CA et est chargé de l’affectation et de la répartition des tâches.
La séparation des pouvoirs est importante car à chaque positionnement dans la pyramide correspond un rôle différent. En dehors de cette pyramide se situent la Direction Technique et les autres salariés qui ne doivent pas assurer la direction de l’association, mais doivent effectuer l’exécution finale des directives approuvées par l’Assemblée Générale.
Pour assurer l’efficacité de ce modèle, son articulation avec les aspects clefs de la gouvernance est indispensable. Les voici énoncés, par ordre d’importance décroissante :
- Partager une vision politique sur l’évolution de son environnement à 5/10 ans.
- Bien évaluer la confiance et le respect qu’il doit y avoir entre le/a Président(e), et le/a Directeur/trice Générale(e).
- Le courage, la patience et la persévérance, car il y a des défis difficiles à relever et des risques à prendre.
- Pas de démarche politique quelle qu’elle soit sans un réel dialogue entre l’ensemble des partenaires. La communication dans une période de changement est essentielle et doit être prioritaire.
- La participation : l’ensemble des instances participantes doivent se sentir parties prenantes et acteurs du changement.
- Oser revoir le projet associatif : valeurs, stratégie et actions.
- Savoir accueillir les nouveaux arrivants.
- Réaliser une évaluation annuelle.
Tout compte fait, la gouvernance est une question essentielle pour les associations. La gouvernance doit permettre de s’adapter aux changements organisationnels, eux-mêmes amplifiés par les évolutions de l’environnement de l’association, des évolutions autant économiques que politiques et sociales.
[1] L’idée de l’adaptation a bien été développé par le darwinisme social -inspiré de « L’origine des espèces » de Darwin-, et est récupérée aujourd’hui par la sociologie des organisations.