Etre mécène nécessite d’être à l’écoute de ses partenaires externes pour répondre à leurs besoins, mais aujourd’hui cela ne suffit plus. Les parties prenantes internes aussi ont des choses à dire, des choses à faire et ont envie de participer au mouvement, avec des compétences qu’elles soient personnelles ou professionnelles. Permettre à ses collaborateurs de s’impliquer aux côtés de l’entreprise, au service de projets d’intérêt général est un souhait exprimé à haute voix par les entreprises mécènes. Qu’en est-il de la réalité ? Comment passer des intentions à l’action ?
Pour la 1ère fois, des données concrètes permettent de mieux comprendre les modèles à travers l’enquête Mécénat de compétences : comment engager les actifs ?
Sans revenir en longueur sur ce qu’est le mécénat de compétences, rappelons les quelques principes qui participent de l’éthique de cette pratique. Cette forme de mécénat est un engagement libre de l’entreprise[1]. Il doit en priorité répondre au(x) besoin(s) des structures partenaires. Il peut être le complément d’un soutien financier ou amorcer une démarche de mécénat. Ce mode de soutien implique au minimum 3 parties prenantes : l’entreprise, le partenaire bénéficiaire, et le collaborateur engagé. Cette diversité de profils est importante à prendre en compte pour le bon déroulement du partenariat : cadrage, suivi, évaluation sont des jalons nécessaires pour assurer la satisfaction de tous.
Pourquoi une entreprise décide-t-elle de faire du mécénat de compétences ?
D’abord pour accompagner ses partenaires : 34 % des entreprises engagées[2] identifient ce point comme la raison principale. Ensuite, pour impliquer ou pour fédérer ses collaborateurs (45 % en cumulé[3]). Le mécénat de compétences peut être mis en place par tout type d’entreprise, quelle que soit sa taille ou son secteur. A priori ces critères ne sont pas des critères discriminants pour s’engager. Dans les faits, ce sont les grandes entreprises (31 % d’entre elles en 2014[4]) et en particulier celles du secteur des services qui pratiquent le plus ce mode d’implication des collaborateurs. Cela s’explique par la plus grande souplesse des grandes structures dont l’activité ne repose pas essentiellement sur les collaborateurs qui seraient mobilisés sur des missions d’intérêt général. Cela s’explique aussi plus globalement par leur meilleure connaissance des cadres et moyens de mise en place.
Si le sujet intéresse depuis plusieurs années, à en croire les sollicitations des entreprises et de la presse et le succès des événements qui l’abordent, le mouvement a changé d’échelle. D’un côté les entreprises ont besoin de réponses concrètes pour passer à l’action. De l’autre, les bénéficiaires identifient parfois ce mode de partenariat comme un moyen de répondre à d’autres types de besoins que ceux satisfaits par un don financier. Parmi ces bénéficiaires, ce sont majoritairement les associations qui sont soutenues (87 % des missions leur sont adressées[5]) devant les bénéficiaires directs ou les entreprises sociales.
Comment accompagner ce mouvement auprès des entreprises déjà engagées ?
En leur permettant d’accéder à un argumentaire clair pour convaincre en interne et développer ainsi la pratique. Admical et Pro Bono Lab s’attellent à ce chantier pour la fin de l’année. Promouvoir la diversité des pratiques et des modes opératoires fait également partie des pistes car chaque engagement est unique et dépend de l’identité de l’entreprise, de ses collaborateurs et de ses partenaires. Comment également accompagner les acteurs qui ne sont pas encore engagés mais qui identifient les obstacles qui les freinent ? Parmi les points soulevés, le manque de temps des collaborateurs[6]. Pouvoir proposer un accompagnement pour diagnostiquer, calibrer le temps nécessaire à la réalisation efficace d’une mission sont des propositions à creuser.
Le dynamisme de ce mode d’implication est confirmé par l’enquête Mécénat de compétences : comment engager les actifs ? : parmi les entreprises répondantes qui pratiquent le mécénat de compétences, la moitié l’ont mis en place au cours des 3 dernières années et 1/4 dans les 12 derniers mois. Parions de que le développement passera aussi par le passage à l’action des entreprises qui n’en font pas encore et souhaitent se lancer (36 %).
Après ces observations statistiques, restez attentifs pour découvrir des expériences de mécénat de compétences et un argumentaire à destination des entreprises !
Sarah Digonnet, responsable des publications et études sectorielles au sein d’Admical, spécialisée sur l’implication des collaborateurs.
Admical est une association reconnue d’utilité publique qui développe en France la pratique du mécénat depuis 1979. Elle est présidée par Henri Loyrette. Forte de ses 190 adhérents, elle représente les mécènes auprès des pouvoirs publics, des médias et des instances internationales. Centre d’information et de formation au mécénat, Admical propose aux professionnels de ce domaine un carrefour de rencontre, de réflexion et d’innovation. Admical publie le baromètre du mécénat d’entreprise, le magazine mécènes, le Répertoire du mécénat…
[1]Repère Admical n° 3 – Le mécénat de compétences
[2] 1ère enquête nationale Mécénat de compétences : comment engager les actifs ? Admical-Pro Bono Lab, 2014
[3] 1ère enquête nationale Mécénat de compétences : comment engager les actifs ? Admical-Pro Bono Lab, 2014
[4] Baromètre du mécénat d’entreprise en France 2014, Admical-CSA
[5] 1ère enquête nationale Mécénat de compétences : comment engager les actifs ? Admical-Pro Bono Lab, 2014
[6]1ère enquête nationale Mécénat de compétences : comment engager les actifs ? Admical-Pro Bono Lab, 2014