L’année 2011 a été déclarée Année européenne du bénévolat et du volontariat par la Commission européenne (Conseil de l’Union européenne, 2009). Cette volonté de « sensibiliser l’opinion publique à la valeur et à l’importance du volontariat » s’inscrit dans la logique des recommandations de l’ONU (Assemblée Générale 2001) et du Bureau International du Travail (conférence annuelle 2008), visant à encourager les gouvernements à « déterminer le poids économique du bénévolat ».
Le Manuel de mesure du travail bénévole de l’OIT
Sous l’auspice de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), un Manuel de mesure du travail bénévole a été publié en 2011, coïncidant avec le dixième anniversaire de l’Année Internationale des Volontaires (AIV). L’étude porte sur le bénévolat dans 37 pays et représente une étape cruciale vers la quantification et la valorisation du travail bénévole.
L’étude rapporte que dans les 37 pays étudiés (pays industrialisés en majorité), 12% de la population adulte, soit 140 millions de personnes participent à une activité bénévole chaque année :
Si tous ces bénévoles constituaient la population d’un pays, il s’agirait du huitième pays du monde, qui se situerait entre la Russie et le Japon. »
OIT, Manuel de mesure du travail bénévole
En moyenne, le bénévolat représente 45% de la main d’œuvre des Institutions Sans But Lucratif (ISBL) de ces pays. On peut reprendre alors l’idée d’Archambault, selon qui « le bénévolat est plus significatif pour témoigner du dynamisme du monde associatif », dans un contexte où les dons ne représentent que 7,5 % des ressources des associations (chiffre 2002 pour la France) . En 2008, le Parlement européen a ainsi qualifié le bénévolat de «peut-être notre forme la plus durable d’énergie renouvelable ».
Les difficultés de la valorisation du travail bénévole
La question de la quantification et celle de la valorisation qui en découle pose toutefois une série de défis. Il existe des difficultés liées par exemple au repérage des bénévoles (qui ne se qualifient pas toujours comme tels) ou au calcul des durées de travail (parfois approximatives).
En ce qui concerne la valorisation du travail bénévole : Faut-il valoriser le travail bénévole au prix de travail sur le marché à poste équivalent ? Ou faut-il trouver d’autres critères de valorisation ? Il n’est pas facile de donner une réponse, puisque les Institutions à but lucratif ne dispose pas de ces moyens de rémunération. Enfin le travail du bénévole n’est pas aisément mesurable en terme d’entrées/sorties de valeurs marchandes.
Le poids économique du bénévolat est estimé aux alentours d’1% du PIB
Les estimations obtenues à partir de l’enquête Vie associative de 2004, établissent trois méthodes de calculs de valorisation du bénévolat en France. Les résultats de l’étude situent le poids économique du bénévolat « dans une fourchette de 12 à 17 milliards d’euros, soit de 0,75 % à un peu plus de 1 % du PIB, selon les variantes de la méthode retenue ».
Réfléchir à la valeur monétaire de l’emploi associatif est un enjeu central pour les associations, qui sont confrontée à des problèmes de financement et doivent justifier, surtout en termes économiques, leurs demandes de subventions, aussi bien vis à vis des partenaires privés que publics.
Indépendamment de l’intérêt qu’elle représente d’un point de vue strictement économique, l’attribution de valeur monétaire au travail bénévole est une étape importante vers la reconnaissance de l’utilité sociale de l’action des associations (Hély, 2009).
Sur un sujet proche, lire l’article Chiffrer le poids de l’économie sociale
Pour aller plus loin :
Lionel Prouteau et François-Charles Wolff, Le travail bénévole : un essai de quantification et de valorisation, Economie et Statistiques, N° 373, 2004
Matthieu Hély, Les métamorphoses du monde associatif, PUF, coll. « le lien social », 2009.
Sources :
Manuel sur la mesure du travail bénévole, Organisation Internationale du Travail, 31 janvier 2012 : http://www.ilo.org/global/publications/books/forthcoming-publications/WCMS_167779/lang–fr/index.htm
Edith Archambault, Le bénévolat en France et en Europe, Le Monde, entretien du 11 décembre 2002.