Donner du temps : agir et gagner la chance d’être plus heureux…

Ceux qui agissent au sein d’une association savent bien qu’ils reçoivent en retour de multiples satisfactions, même si leur quotidien est parfois semé d’obstacles, notamment en ce moment. Dans une société en pleine mutation, et face à tant de renoncements, ces acteurs sont sans nul doute les plus beaux exemples de « citoyens utiles ».

association-152746_150On ne peut plus dire qu’on ne savait pas

Plus de 80% des Français ont confiance dans les associations, et l’Assemblée nationale s’est enfin sérieusement intéressée à ce secteur qui rassemble plus d’un million d’organismes, auxquels adhèrent 45% des citoyens. Le rapport sur les difficultés du monde associatif qui vient d’être publié a fait l’objet d’un consensus au sein de la commission d’enquête. Elle a entendu de très nombreux acteurs et observateurs concernés, dont l’équipe de Recherches et Solidarités. Ce rapport comporte un descriptif très clair, et des préconisations, pour chacun des sujets concernant la vie et le développement des associations. Il a été largement salué à sa sortie, car il prend en compte toutes les composantes du secteur : dirigeants, bénévoles de terrain, salariés et adhérents de ces associations qui maillent le territoire dans une très grande finesse.

Il permet notamment de satisfaire les dirigeants associatifs, en attente d’une reconnaissance légitime face aux actions qu’ils pilotent tout au long de l’année, dans l’intérêt général, et aussi face aux difficultés qu’ils rencontrent dans un contexte devenu très tendu. Dans nos enquêtes semestrielles, nous avons en effet observé leurs priorités de plus en plus marquées, en mai et décembre 2014, par rapport aux moyens financiers dont ils disposent (56% se disent préoccupés) et par rapport à l’évolution des politiques publiques (45%), tant au niveau national qu’au niveau territorial.

Un bénévolat en mutation

Ce niveau de préoccupation est venu rejoindre celui qui, de longue date, est le plus élevé, concernant les ressources humaines, tant en ce qui concerne les bénévoles de terrain que pour le renouvellement des dirigeants.

Plus de 85% des associations, sans aucun salarié, n’ont que la ressource humaine bénévole pour fonctionner. Si près de 25% des Français sont bénévoles dans une association, la proportion, en diminution entre 2010 et 2013, de celles et ceux qui agissent régulièrement est tombée à 10%, environ. Cela préoccupe d’autant les associations que la demande à laquelle elles doivent faire face est de plus en plus forte, et que les exigences, notamment réglementaires, sont toujours plus lourdes.

Aujourd’hui, moins de la moitié des responsables associatifs affichent leur satisfaction, par rapport au bénévolat. Ils constatent que les bénévoles sont de plus en plus motivés, certes plus mobiles, mais soucieux de se mobiliser pour un projet, de se former éventuellement en conséquence, et finalement très heureux dans leur action. Ils sont en effet aujourd’hui bien plus en attente d’épanouissement personnel, d’acquisition de nouvelles compétences et de travail collectif. Avec le développement du télétravail, l’utilisation d’outils numériques communs, l’attention de plus en plus importante des employeurs aux activités bénévoles, les frontières sont de plus en plus poreuses entre leurs activités professionnelles, leur engagement associatif et leur vie personnelle. Ces interconnexions suscitent et stimulent l’envie d’agir pour les autres et avec les autres.  

Des parcours bénévoles à construire

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Dès le plus jeune âge, l’éveil à la vie associative, par exemple en ouvrant plus grand la porte des établissements scolaires aux associations et en proposant des stages en associations aux collégiens à l’image de ceux aujourd’hui imposés à tous les élèves de 3ème, devrait constituer un objectif prioritaire et peu coûteux. Il contribuerait à faire de l’école un lieu d’apprentissage de la citoyenneté, et pas seulement un lieu d’apprentissage des savoirs.

Au cours de la vie active, l’action classique régulière ou ponctuelle au bénéfice d’une association est aujourd’hui de plus en plus utilement prolongée et amplifiée par des interventions d’e-bénévolat, ou sous forme de missions bénévoles sur un sujet précis, ou encore dans le cadre d’un « marathon » organisé par Pro Bono Lab.Grâce à ces nouvelles formes de bénévolat, le lien avec le secteur associatif n’est pas rompu, en dépit des contraintes de disponibilité et de mobilité pour certains.Les besoins des associations de disposer de connaissances de plus en plus pointues peuvent ainsi se trouver satisfaits en même temps que les attentes des bénévoles avides d’expériences et d’enrichissement au sein des associations.

Dès lors qu’on s’approchera de la fin de la vie active, pour une vie que l’on souhaite « hyperactive » à chacun, la transition devra être encouragée, que ce soit dans la fonction publique ou dans la sphère privée. Ceci semble d’autant plus accessible que les bénévoles les plus anciens se disent tout à fait volontaires pour accueillir et accompagner de nouveaux arrivants. Il est indispensable de se préparer à éviter l’ennui ou le désœuvrement, quand il y a tant de beaux projets associatifs pour lesquels se mobiliser.

C’est donc un véritable parcours bénévole qui peut s’organiser pour chacun, tout au long de la vie, fait de liens sociaux sans cesse plus riches, d’un épanouissement personnel indispensable pour être heureux, de compétences de plus en plus variées, et bien entendu du sentiment d’être utile.

En somme…

Face aux défis que connaissent aujourd’hui les responsables associatifs, la prise de conscience progressive des décideurs, tout à la fois de leurs actions et de leurs difficultés, est un encouragement qui devrait se transformer en un soutien plus déterminé. S’agissant des moyens humains, on ne négligera pas les passerelles constatées entre la simple adhésion à une association, le coup de main que l’on donne pour commencer, et le goût de l’action et des responsabilités qui peuvent venir très vite. Les dirigeants pourront ainsi voir leurs adhérents comme autant de bénévoles potentiels…

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        Jacques Malet
, Président, fondateur de Recherches et Solidarités

Pour aller plus loin :
L’édition 2014 de la France Bénévole est disponible !
5 compétences développées par les bénévoles associatifs, par Yoann Kassi-Vivier
7 conseils pour créer de la cohésion au sein d’une équipe de volontaires, par Antoine Colonna d’Istria
Bénévolat : les nouveaux ressorts de l’engagementpar Yoann Kassi-Vivier
Mutations de l’engagement : un changement de rapport au temps ?, par Juliette Didier Champagne

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